Afrique: La question du plastique en débat lors d'un sommet ministériel à Paris

Les ministres ou représentants d'une soixantaine de pays ont débattu ce samedi 27 mai à l'Unesco des solutions à la crise mondiale du plastique, un sommet organisé par la France pour donner de l'élan aux délicates négociations sur un futur traité mondial qui reprennent lundi à Paris.

En 2022, à Nairobi au Kenya, 175 pays ont trouvé un accord de principe pour mettre fin à la pollution plastique, avec l'ambition d'élaborer d'ici à la fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Après des débats techniques fin 2022 en Uruguay, Paris accueille du lundi 29 au vendredi 2 juin la deuxième session de négociations, sur les cinq prévues. Elle doit permettre de dessiner les principales orientations, voire une première ébauche de texte.

En amont de ce second round de discussions, une réunion était organisée ce samedi au siège de l'Unesco entre les ministres ou représentants d'une soixantaine de pays. « Nous avons abordé la production du plastique, leur composition, la lutte contre les microplastiques, également la question d'une meilleure collecte et du recyclage, et notamment l'accompagnement des pays en développement qui rencontrent parfois plus de difficultés à collecter », a résumé en fin de journée la secrétaire d'État française à l'Écologie Bérangère Couillard lors d'un point presse.

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« Il faut qu'on fasse attention à ce que la question du recyclage ne remplace pas le débat sur la réduction de la production de plastiques », avait toutefois mis en garde le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, en amont des débats. Cette question s'annonce comme un point clé des négociations alors que la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes (Mt). Elle pourrait encore tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Or les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10% sont recyclés. « Si on augmente nos taux de recyclage, mais qu'en parallèle, on augmente notre production, on aura reculé dans la résolution du problème. Donc, premièrement on réduit, deuxièmement, on majore la part de recyclage », a ajouté le ministre.

Cette perspective est portée par la Coalition pour la haute ambition, conduite par le Rwanda et la Norvège et composée de 56 pays, dont l'Union européenne, le Canada, le Chili. Depuis vendredi, le Japon, le Gabon et la République de Maurice ont rejoint ce bloc. Et l'Argentine a manifesté son intérêt samedi, selon Bérangère Couillard.

Les États-Unis réticents

Mais d'autres États, producteurs ou transformateurs de plastique, comme les États-Unis, la Chine et d'autres pays asiatiques, entendent préserver leurs industries. « Chaque pays doit être clair sur l'objectif » de réduire à zéro les rejets dans l'environnement d'ici à 2040, a déclaré le ministre américain Jose W. Fernandez, qui mène la délégation à Paris des négociateurs américains. Mais « nous devrions laisser le soin à chaque pays de tracer sa route » pour remplir cet engagement, déjà pris par les pays du G7 en avril 2023. Ce qui passe par conclure un traité « flexible » plutôt que « prescripteur », « sans diaboliser » le plastique, explque Jose W. Fernandez.

Les pays africains rappellent, eux, le principe du pollueur-payeur et réclament des fonds pour développer les infrastructures nécessaires à la gestion de ces montagnes de déchets. « Ce sont de lourds investissements. Vous savez que si dans nos pays aujourd'hui, nous n'avons pas ces infrastructures, c'est parce que les financements sont très élevés. Il faut donc aller chercher des financements à l'extérieur », explique Jean-Luc Assi, ministre de l'Environnement du Congo-Brazzaville.

L'enjeu de ces négociations est de taille, car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout : emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux. Les deux tiers de la production mondiale de plastique partent dans la nature après souvent un seul usage. Des déchets de toutes tailles se retrouvent ainsi au fond des océans, dans la banquise, l'estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

Le plastique pose aussi un problème pour son rôle dans le réchauffement climatique : il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4% des émissions mondiales, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici à 2060 selon l'OCDE.

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