Sénégal: Caravane de la liberté d'Ousmane Sonko - Un rebelle casamançais à l'assaut de Dakar

Il voulait marcher sur Dakar depuis son fief de Ziguinchor où il est maire, mais visiblement ce ne sera pas un chemin de tout repos.

Ousmane Sonko et sa «caravane de la liberté» ont été en effet stoppés à plusieurs reprises loin avant Dakar, qui devait être la destination finale, à 500 kilomètres de là. Des échauffourées ont éclaté tout au long de son cortège avec les forces de l'ordre qui se sont retrouvées à grand renfort de pick-up et de blindés. Bilan : 1 mort, pour le moment, car si la progression devait se poursuivre il n'y aurait pas à s'étonner que d'autres cadavres viennent joncher en tout cas le bitume qui mène à la capitale sénégalaise où le chef de file de l'opposition promet le combat final.

Encore faut-il qu'il l'atteigne ! Car en face, les autorités sénégalaises sont déterminées à faire pièces aux velléités du président du Pastef engagé dans un mouvement quasi insurrectionnel depuis de longs mois. Poursuivi par la justice sénégalaise pour diffamation sur la personne du ministre du Tourisme Mame Mbaye Nianga et en procès pour viol présumé sur la personne de Adji Sarr, celui qui doit rêver au fauteuil présidentiel chaque jour en se rasant a levé une véritable armée de partisans pour contrecarrer ce qu'il considère être des procès politiques pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2024. Et pour empêcher aussi le président sortant Macky Sall de briguer un 3e mandat, comme on l'en suspecte.

C'est donc une véritable guérilla politico-judiciaire qui est engagée, chaque convocation ou comparution d'Ousmane Sonko donnant invariablement lieu à des scènes de violence, des actes de vandalisme et des émeutes. Il a même décidé de ne plus se présenter au prétoire au motif que sa sécurité n'était pas garantie, voulant choisir lui-même l'itinéraire qui le mène à la justice. Mais que veut finalement Sonko ? Voici en effet un monsieur qui ambitionne d'être président de la République, donc premier magistrat du pays, et qui pourtant défie ouvertement l'institution judiciaire dont il devrait pourtant être le garant de l'indépendance s'il lui arrivait d'être élu. Pour un peu, on en viendrait à penser que cette fébrilité cache mal la volonté de ne pas répondre des actes dont il est poursuivi, même si quelque part, il a sans doute des choses à se reprocher, notamment dans l'affaire Adji Sarr dont les secrets présumés d'alcôves ont été étalés par le menu lors de l'audience du 23 mai dernier.

Ne serait-il pas plus sain pour lui de venir se défendre de ce dont on l'accuse plutôt que de chercher des raccourcis pour chasser Macky Sall de la présidence ? Certes, après avoir été condamné à six mois de prison avec sursis dans l'affaire de diffamation, il risque gros et la réquisition du parquet dans le second dossier, qui est de à dix ans de réclusion criminelle ou cinq ans de prison pour «corruption de la jeunesse », pourrait être le dernier clou planté sur son cercueil politique.

Mais, sauf à considérer qu'il n'est pas un justiciable comme les autres et qu'il est au-dessus de la loi, l'incriminé ne peut que s'en pendre à lui-même. Que Macky Sall fasse ce que n'importe quel homme politique aurait fait, c'est-à-dire exploiter les ennuis judiciaires de son principal rival, c'est l'évidence même ; il n'en demeure pas moins que l'accusé Sonko ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Une chose est d'empêcher l'actuel président sénégalais de jouer les prolongations, indûment ou pas ; une autre est de vouloir installer la chienlit dans le pays, et il faut dire que là, il en fait trop. Toujours est-il qu'il peut compter sur un pouvoir déterminé à protéger les institutions, les citoyens et leurs biens contre ce rebelle casamançais qui veut se lancer à l'assaut de Dakar.

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