Burkina Faso: Au-delà des discours

Le chef de l'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, était ce weekend à Fada, chef-lieu de la région de l'Est, avec tous les symboles qui s'attachent à cette partie de notre pays.

En termes de superficie, l'Est reste une démesure par rapport à bien d'autres régions, représentant 17% du territoire national. L'Est, c'est aussi une ouverture vers trois frontières, comprenant le Niger, le Bénin et le Togo.

L'Est, c'est encore un autre regroupement qui appelle à la solidarité entre le Bénin, le Niger et le Burkina avec le parc du W. Un peu comme la zone des trois frontières, à la différence que c'est une zone giboyeuse, avec une vaste étendue de forêt. Là s'arrête la comparaison, surtout que seulement deux Etats, le Niger et le Burkina, sont frappés de plein fouet par l'hydre terroriste. Alors, faire un déplacement dans cette zone, c'est marquer son soutien aux populations et leur réitérer le message que jamais la mère patrie ne les abandonnera, quelle que soit la situation.

Le capitaine Ibrahim Traoré n'a donc pas dérogé à cette tradition de contact direct avec des populations qui comprennent bien la notion d'appartenir à une même entité géographique territoriale. Elles vivent les réalités et font la différence entre les chants de cygne à la fois proférés à l'intérieur comme à l'extérieur. Les populations burkinabè, nourries de la sève du patriotisme lucide, font donc la différence entre ceux qui construisent et ceux qui se plaisent à détruire sciemment ou inconsciemment.

En cela, les populations de l'Est du Burkina par leur forte mobilisation constituent la réponse éloquente à ceux qui pensent que le salut de la nation repose sur des mains extérieures. Ils n'ont pas encore tiré les enseignements de l'histoire. Si l'Afrique doit encore et toujours compter sur cette hypocrisie, cette iniquité des relations internationales avec certains de ses partenaires dits traditionnels, elle va passer à côté de la plaque. C'est bien le père de la Révolution d'août 83, Thomas Sankara, qui professait que « l'aide doit aider à se passer de l'aide », pas à vous maintenir éternellement au statut de quémandeur.

Il est important de collaborer avec des partenaires extérieurs, mais nous savons tous que le temps de la servitude, semble-t-il, n'a jamais été porteur de gloire. Le constat est facile à faire, soixante ans après nos indépendances. Dans tous les cas, le Burkina l'a compris et assied sa stratégie sur les forces intérieures et ceux qui partagent bien sa vision. C'est tout heureux que les premiers responsables de la République voient les populations entendre les échos d'une classe dirigeante qui parle de développement endogène, de résilience et de coopération équitable et qui n'ignorent pas qu'une guerre ne se gagne pas seulement avec des armements, même de dernière génération.

Le discours régulièrement adressé par le chef suprême des armées à ses hommes instruit à souhait. Quant à Djibo, dans le Sahel, le capitaine Traoré, face aux soldats, leur a dit qu'en face, ce ne sont pas des terroristes, mais des délinquants. Ce qui marque un tournant dans le changement de paradigme. En privilégiant les sorties sur le terrain au détriment des palais feutrés, le président Traoré n'a de cesse d'afficher une posture de guerrier et d'appeler les populations à la mobilisation générale contre les forces du mal.

Il y avait de la sincérité dans le discours, face à cette population de l'Est, avec des motifs de satisfaction dans les actions de développement et dans la lutte contre le terrorisme, une double bataille que le président tient à gagner avec l'ensemble des Burkinabè. Les terroristes, perçus comme des héros, quelque part, doivent comprendre qu'ici au Faso, ils n'ont que deux choix: déposer les armes ou les subir. Le chef de l'Etat a sonné le tambour de la mobilisation dans toute la région de l'Est pour la libération du pays. Qu'il en soit ainsi!

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