Sénégal: Des volontaires tentent de remédier à la pénurie d'eau à Sindia

Thiès — Des habitants de Sindia se sont réunis dans cette commune de la région de Thiès (ouest) pour trouver des solutions à la pénurie d'eau à laquelle une bonne partie de leur collectivité territoriale est confrontée depuis trois mois, a appris l'APS des auteurs de l'initiative.

"Cela fait plus de trois mois [que] presque toute la commune, la ville de Sindia et le village de Kignabour notamment, est confrontée à un manque notoire d'eau. Il y a des quartiers qui ne sont plus approvisionnés en eau", a déclaré Abdoulaye Seck, l'un des organisateurs de la rencontre.

C'est au moment où survient la pénurie que beaucoup d'usagers ont constaté une "surfacturation" de leur consommation d'eau, s'est inquiété M. Seck à la fin de la réunion tenue récemment pour remédier à la pénurie d'eau.

Il décrie la qualité de l'eau distribuée dans la commune.

Selon lui, ceux qui ont pris part à la réunion ont décidé de ne plus payer les factures établies par Aquatech - une société privée impliquée dans la gestion de l'eau par les autorités de la région de Thiès - jusqu'à ce qu'il y ait un approvisionnement correct de la denrée.

Une pétition sera lancée mercredi prochain, avant l'organisation d'une marche de protestation contre la pénurie d'eau, pour que les pouvoirs publics prennent la pleine mesure de la rareté de l'eau à Sindia, a annoncé Abdoulaye Seck.

Dans la pétition comme lors de la manifestation, les usagers vont demander le "départ" d'Aquatech, selon M. Seck.

"Auparavant, l'eau était disponible seulement durant la journée ou la nuit. Depuis plus d'un mois, il y a des quartiers où aucune goutte ne coule des robinets. Les habitants de ces quartiers sont obligés d'acheter de l'eau [auprès des commerçants détaillants], une eau qui leur revient à 2.000, voire 3.000 francs CFA par jour", s'indigne-t-il.

Selon Abdoulaye Seck, "un problème technique" serait à l'origine de la pénurie d'eau.

Le réseau de distribution d'eau de Sindia a atteint ses limites en raison de la forte augmentation de la population dans le triangle Dakar-Mbour-Thiès, a signalé Abdoulaye Seck.

La "pléthore d'entreprises" venues s'implanter dans les communes de Diass et Sindia a engendré la hausse de la consommation d'eau, a-t-il ajouté, estimant que "le réseau doit être redimensionné pour que tout le monde ait [suffisamment] d'eau".

Selon Seydina Diouf, qui a rejoint l'initiative dirigée par Abdoulaye Seck, certains villages qui dépendent de Sindia pour leurs besoins en eau creusent maintenant des puits pour s'approvisionner.

Un réseau de distribution "inadéquat"

Aquatech affirme que l'extension du réseau de distribution, l'une des solutions envisagées, ne fait pas partie de ses compétences, rapporte Seydina Diouf.

La distribution de l'eau à Sindia a été retirée aux ASUFOR, les associations d'usagers des forages, à la demande des populations, qui estimaient que la denrée était de mauvaise qualité.

Elle est confiée depuis deux ans à Aquatech, un délégataire de services impliqué dans la gestion des forages ruraux.

Le responsable de la communication d'Aquatech, Moustapha Ndiaye, estime que la commune de Sindia est confrontée à un déficit de production d'eau et à un réseau de distribution "inadéquat".

Les forages fonctionnent mais leur capacité de production est insuffisante, a argué M. Ndiaye, ajoutant que la commune doit être équipée de nouveaux forages.

La construction de forages et l'extension du réseau de distribution ne font pas partie des compétences d'Aquatech, a-t-il déclaré.

Même si la couleur de l'eau distribuée dans la zone est "gênante" pour certains consommateurs, le liquide est "potable", a soutenu Moustapha Ndiaye, estimant que la forte teneur en fluor ou en calcaire de la nappe peut altérer le goût ou la couleur de l'eau sans la dénuer de sa potabilité.

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