Ile Maurice: Casinos de Maurice - La grogne s'installe chez les employés et la tension monte

L'allocation du bonus de présence toujours pas versée ; des employés promus puis déchus de leur poste sans explication. Les uniformes à multiples tons ou encore le manque d'hygiène dans la salle de repos. Autant de facteurs qui font grincer des dents. Le syndicat dit suivre de près ces faits...

Depuis le 5 mai, c'est le chamboulement dans l'administration des casinos à Maurice. Trois employés, anciennement des pit bosses, qui assuraient l'intérim en tant qu'assistants managers, ont été priés de reprendre leurs anciens postes. Si cela a été incompris pour ces derniers, c'est également le cas pour le personnel qui craint pour la sécurité d'emploi.

«En ce moment, les casinos ne sont pas gérés de manière à réaliser des profits. C'est du moins l'impression que nous avons. En revanche, nous ressentons une forme d'intimidation et d'humiliation qui règne», soutient un cadre des casinos. Il va plus loin dans son ressenti. «On veut pousser les travailleurs à prendre leur retraite, d'autant lorsque l'on sait que la vente est imminente.» Pour l'instant, à la State Investment Corporation (SIC), cette privatisation tarde à se concrétiser. «On entend dire que cela devrait être fait d'ici juillet. Attendons de voir...»

Cependant, un autre sentiment, celui de l'ingérence politique, se fait également sentir. «Est-ce que l'on compte proposer des emplois comme promesse électorale ? Déjà qu'il y a plusieurs nominés politiques au sein de l'institution et à des postes à responsabilité...» Pour revenir aux cas des trois employés qui reprennent leur poste de pit bosses, c'est le non-respect de l'accord collectif qui aurait déclenché les hostilités. «La direction de la SIC a voulu introduire de nouvelles lois que nous avons refusées. Nous avons même menacé de porter plainte pour harcèlement à la police.

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Nous avons résisté à la direction, allant jusqu'à lui envoyer une mise en demeure.» Mais ce n'est pas tout. Le Bureau du travail a également été alerté de ce problème. «Les règlements doivent être respectés.» Au niveau du syndicat, on dit suivre de près cette affaire. «Cela fait trois ans qu'ils occupent ces postes d'assistants managers et ils faisaient très bien leur travail. Ils allaient même jusqu'à ouvrir les casinos, alors que ce n'était pas dans leurs attributions. Malgré tous les sacrifices qu'ils ont faits, ils n'ont pas été rémunérés.

Or, selon l'accord collectif, si un employé occupe un poste par intérim pendant une période de sept jours ou plus, il doit être rémunéré», affirme un membre du syndicat. Il regrette le choix de la direction de «dégrader» ces responsables. «Depuis trois semaines, on peut constater le vide qu'ils ont laissé. Les affaires en pâtissent.» C'est pourquoi le syndicat prévoit de rester aux côtés de ces employés.

«Nous avons déposé une plainte au ministère du Travail. Nous attendons de voir ce qui se passera.» D'autres problèmes sont également évoqués par le personnel, notamment celui de la salle de repos. «Des pigeons entrent dans la hotte de cuisine et meurent là-dedans. Imaginez l'odeur nauséabonde qui se répand dans cette salle. Nous avons même trouvé des animaux morts dans le réservoir d'eau.

On nous a donc donné des distributeurs, mais rien n'est fait pour nous aider, d'autant plus que nous travaillons à des heures indues.» Autre souci, l'uniforme. «On nous a donné uniquement l'argent pour payer le tailleur, mais pas pour acheter le tissu. On nous demande de porter du vert turquoise, mais chacun doit acheter son propre tissu, ce qui risque d'aboutir à des résultats différents.» Finalement, ces employés n'ont qu'une hâte : que les casinos à Maurice soient rachetés le plus rapidement possible.

Et que s'est-il passé avec l'argent destiné aux primes de présence ? C'est une question que beaucoup se posent depuis 2019. «Nous n'avons reçu que la moitié en 2019. Depuis, plus rien. Nous leur devons donc pour trois ans et demi», affirme le syndicat. En conséquence, les employés préfèrent prendre leurs congés de détente et de maladie. «Lors des jours fériés, nous nous retrouvons avec un effectif réduit car les gens choisissent de les passer en famille, contrairement à avant. On ressent un manque de motivation.»

Des lettres ont été envoyées au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, sans succès. «Nous avons envoyé une lettre au vice-Premier ministre, Steven Obeegadoo, en espérant qu'il nous répondra.» Nous attendons toujours une réaction de la direction de la SIC, qui a été sollicitée.

Interrogations au domaine les pailles

Plusieurs employés ont constaté qu'une pression extrême règne au sein du Grand casino du Domaine Les Pailles, surtout depuis la suspension de huit employés en octobre 2020. Certains managers affirment que ces employés ne méritaient pas ce sort. «Ces personnes sont innocentes. Elles auraient été utilisées comme boucs émissaires pour effrayer les autres travailleurs.

On a tenté d'imposer de nouvelles règles en ignorant le système déjà en place. De plus, nous devons faire attention à éviter toute situation où l'on pourrait nous accuser de blanchiment d'argent.» Il semble que certains clients importants ne paient pas la taxe de 10% sur les gains dépassant Rs 100 000, ce qui va à l'encontre de la loi. Des courriels ont été envoyés à la direction sur ces cas, mais jusqu'à présent, aucune réponse n'a été donnée.

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