Sénégal: Les quotidiens troublés par le contexte de tension et de violence

Les forces de l’ordre ont interrompu la ‘’caravane de la liberté’’ de l’opposant Ousmane Sonko et l’ont conduit à son domicile à Dakar, a déclaré dimanche soir le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome.

Dakar — Les quotidiens parvenus mardi à l'APS partagent les inquiétudes relatives à l'éruption de violences notées la veille, en lien avec la situation de l'opposant Ousmane Sonko, conduit de force à son domicile par les forces de l'ordre qui l'y maintiennent coupé de son entourage et du monde, certains journaux parlant même de blocus.

Le Leader du parti Pastef - Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité - avait lancé une caravane à partir de Ziguinchor (sud), vendredi, avec l'ambition de sillonner plusieurs villes pour rallier Dakar, la capitale. Son initiative a été annihilée par les forces de l'ordre qui l'ont arrêté et »encadré » jusqu'à son domicile où il est surveillé et coupé du monde, de son entourage et de ses partisans.

« Sonko ramené à Dakar et isolé dans son domicile », relève Libération, quotidien selon lequel le véhicule du leader de Pastef a été intercepté dimanche, vers 13 heures, à hauteur de Tiaco, dans le département de Koungheul (centre), par une équipe mixte du GIGN et de la BIP, des gendarmes et policiers d'élite.

»Ousmane Sonko a été acheminé dans son domicile complètement barricadé, ses visiteurs éconduits [et ceux qui étaient avec lui au moment de son interpellation], placés en garde-à-vue à la BR de Kaolack », écrit Libération. »Sonko enfermé chez lui à la cité Keur Gorgui », renchérit le quotidien Le Peuple.

»Couvre-feu pour Sonko », souligne le journal Le Quotidien. Il renseigne que les leaders du F24, la nouvelle plateforme mise en place pour contester une éventuelle candidature du président Sall pour un troisième mandat, ainsi que les avocats de Ousmane Sonko ont été »empêchés d'accéder à son domicile ».

Plusieurs journaux signalent qu'en raison de cette situation, des affrontements ont éclaté à la Cité Keur Gorgui avant de se propager dans d'autres quartiers de Dakar. »Blocus chez Sonko, feu à Dakar », titre Rewmi quotidien. »Entre échauffourées et escarmouches opposant Forces de l'ordre et partisans de l'opposition, Dakar a vécu au rythme de la tension, particulièrement à la Cité Keur Gorgui et alentours », rapporte Sud Quotidien.

Le Témoin quotidien, de son côté, fait observer : »Dakar renoue avec la violence ». Le journal détaille ensuite les dégâts enregistrés : les maisons des ministres Serigne Mbaye Thiam, Latif Coulibaly et Matar Ba incendiées, deux bus de Dakar Dem Dikk « brûlés à Liberté 6 », des installations du BRT « vandalisés », les quartiers Liberté VI, Sacré-Coeur 3 et VDN »subissent la furie des manifestants ».

»Les partisans de Sonko brûlent partout » (L'As). »Dakar en folie », renchérit Bès Bi Le Jour, avant de lister d'autres domiciles et de proches du pouvoir incendiés. Il signale aussi plusieurs arrestations dont celle de Aliou Sané du F 24, la plate-forme dite « de lutte des forces vives de la nation », regroupant des partis politiques d'opposition, organisations de la société civile, syndicats ou personnalités indépendantes opposés à une éventuelle candidature du président Macky Sall pour un 3e mandat.

»Venus apporter leur soutien et leur solidarité à Sonko, des leaders de Yewwi, du F 24 et des députés ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes et contraints de rebrousser chemin », rapporte l'info. Kritik' de se demander : »Va-t-on vers le chaos ? ». Le journal laisse ainsi entendre que le Sénégal est à 48 heures d'un »chaos imprévisible », en allusion au 1er juin, jour au cours duquel devrait être connu le verdict du procès de l'opposant Ousmane Sonko, accusé de viols répétés et menaces de mort par une masseuse.

»Si la tension et la violence sont à l'ordre du jour depuis la tenue du procès, c'est dans 48 heures que les Sénégalais seront édifiés sur le sort du principal leader de l'opposition », ajoute la même publication, pendant que le quotidien Enquête avertit contre une montée des périls. D'où cet appel du quotidien 24 Heures : »Il faut siffler l'accalmie ! »

Le Soleil, loin de cette atmosphère troublée, ouvre son édition sur la 135e édition du pèlerinage marial de Popenguine, qui a pris fin lundi dans cette cité religieuse de la région de Thiès (ouest). »Popenguine étrenne son sanctuaire neuf », affiche le journal, au sujet de ce »bijou d'un coût de 2,926 milliards de FCFA réalisé dans le cadre du +Programme spécial pour les sites et cités religieuses initié par le président de la République+ ».

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