Sénégal: « Blocus » de la résidence d'Ousmane Sonko - Dakar, sous tension !

Les forces de l’ordre ont interrompu la ‘’caravane de la liberté’’ de l’opposant Ousmane Sonko et l’ont conduit à son domicile à Dakar, a déclaré dimanche soir le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome.

Dakar a vécu encore hier, lundi 29 mai 2023, au rythme des échauffourées ou plutôt des escarmouches entre Forces de l'ordre et partisans et/ou sympathisants de Pastef-Les Patriotes, de Yewwi Askan Wi et autre F24. Suite à la mise non officialisée d'Ousmane Sonko en «résidence surveillée» et au refus des Fds de permettre aux leaders du F24 de rejoindre le domicile du maire de Ziguinchor à la Cité Keur Gorgui, des foyers de tension et d'affrontement se sont ouverts dans certaines zones de Dakar.

Pour au final des arrestations à l'instar de celle du coordonnateur de F24 et leader de Y'en a marre Aliou Sané, des voitures caillassées et incendiées devant des domiciles de responsables de la mouvance présidentielle, des gaz lacrymogènes balancées à gauche et à droite.

L'interruption de la « Caravane de la liberté » que menait Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes, de Ziguinchor à Dakar, n'a pas été de tout repos pour les Forces de l'ordre et les militants de son camp entre dimanche et lundi. Pour cause, interpellé par des éléments de la gendarmerie de Koungheul avant d'être mis à la disposition du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale, le maire de Ziguinchor qui était en caravane de mobilisation de ses troupes, entre Ziguinchor et Dakar, a été reconduit manu militari à son domicile de Dakar, en l'occurrence à la Cité Keur Gorgui. Du coup, le périple de Sonko qui avait déjà fait les étapes de Kolda et Vélingara, avec pour destination Dakar, était court-circuité. Avec en prime, l'arrestation d'une partie de son staff et de quelques-uns de ses partisans, sur fond d'accusations de détention d'armes brandies par le ministère de l'Intérieur.

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Le leader du parti Pastef acheminé à Dakar et finalement déposé à la cité Keur Gorgui, verrouillée par les Forces de l'ordre, sans possibilité de sortie et de visite, la coalition Yewwi Askan Wi monte au créneau et accuse « Macky Sall d'avoir injustement placé Sonko en isolement ». La conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi relève alors, dans un communiqué, qu'«Après le rapt digne des kamikazes, le Président Ousmane Sonko a été placé injustement en isolement par Macky Sall. L'accès de son domicile ayant même été refusé à son service de communication qui devait couvrir sa déclaration et à ses avocats ». Dans la foulée, les leaders de ladite coalition en relation avec le F24 (Plateforme des forces vives de 2024) informent qu'ils rendront visite à Ousmane Sonko à son domicile de la cité Keur Gorgui, lundi à 15h. Alors même que la cité, du moins l'accès à la maison de Sonko, était barricadée de part et d'autre par les Forces de l'ordre.

Aliou Sané interpellé, des leaders politiques de F24 dispersés à coups de grenades lacrymogènes

Face à l'important dispositif sécuritaire déployé aux alentours de la maison d'Ousmane Sonko, les leaders du mouvement F24 n'ont pu accéder au domicile en question, les forces de défense et de sécurité interdisant tout accès. Devant la résistance de certains leaders comme Dr Abdourahmane Diouf, Déthié Fall, Moustapha Guirassy, les grenades lacrymogènes ont fini par dicter leur loi et disperser les responsables politiques qui étaient déjà sur place. Quant au coordonnateur du mouvement Y'en a marre Aliou Sané, par ailleurs coordonnateur en second du F24, il a été interpellé par les forces de l'ordre. Toute chose qui a fait sortir de ses gonds le député Guy Marius Sagna : « Ce qui se passe dans ce pays est inadmissible. C'est la Constitution qui donne le droit à tout citoyen de mener ses activités comme il l'entend. Mais Ousmane Sonko est en résidence surveillée alors qu'ils n'ont aucune notification qui peut ordonner son arrestation ». Avant d'appeler à la mobilisation pour lever le blocus devant chez Ousmane Sonko et le sortir car il jugera injuste de confisquer les droits d'un citoyen sans aucun fondement légal.

Escarmouches et dégâts collatéraux

Ousmane Sonko bloqué chez lui et les leaders du F24 refoulés de Keur Gorgui, c'était parti pour les escarmouches et les dégâts collatéraux. Face au blocus des forces de l'ordre et au sort réservé à leurs leaders, de jeunes partisans et sympathisants de l'opposition ont déclenché une sorte de guérilla urbaine dans certains coins de la capitale sénégalaise. De la Vdn (Voie de dégagement nord où la circulation des voitures a été bloquée au matin), à la Médina, en passant par Sacré Coeur, Liberté 6 extension, de violents affrontements ont été notés. Des commerces, des pneus, des véhicules de Dakar Dem Dikk (2 à Liberté 6) et les verres du Bus rapid transit (Brt) subissent le courroux des manifestants qui opèrent en petites bandes tout en disparaissant rapidement dans les ruelles avoisinantes avant l'arrivée des Forces de l'ordre avec leurs grenades lacrymogènes qui rendaient l'air irrespirable.

Principale zone d'affrontements, la Cité Keur Gorgui en portait partout les stigmates. Des voitures de particuliers sont caillassées et incendiées en protestation à ce que certains ont qualifié de « mise sous résidence surveillée » de Sonko. Pis, les domiciles de certains responsables du pouvoir en place sont visés. Ainsi en a-t-il été le cas pour l'ancien ministre des Sports Matar Ba, actuel directeur de cabinet du président de la République qui a vu sa maison attaquée, ses voitures et celles de ses voisins complètement incendiées par les manifestants. Même l'ancien ministre Abdou Latif Coulibaly a fait les frais de la tension de ce lundi à Dakar. Petit à petit cependant, le calme reprenait ses droits et les échauffourées s'estompaient progressivement en laissant la place aux empreintes d'une journée chaude à Cité Keur Gorgui et alentours.

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