Congo-Brazzaville: Fespam 2023 - Charles Bouetoum-Kiyindou parle des mutations et permanences de la rumba congolaise

Les recherches de l'historien-musicographe, rapporteur adjoint du Comité scientifique de la rumba congolaise, démontrent que de son émergence à ce jour, la rumba congolaise, genre musical et dansant spécifique, a connu une évolution remarquable, à travers des mutations formelles, en cascade, adossées à des permanences structurelles vivaces.

Cette démonstration explique que la rumba congolaise doit son éclosion, dès les années 1930, puis sa consolidation stylistique, la décade suivante, à la confluence de plusieurs expressions artistiques, concurremment à Brazzaville et à Léopoldville, agglomérations coloniales bâties, face à face, sur les bords du fleuve Congo, à la hauteur du Stanley Pool, au Pool Malebo.

Pour Charles Bouetoum-Kiyindou, à la base, se trouve la "Proto rumba", autrement dit le brassage des cultures artistiques plurielles des communautés ethniques, issues des arrière-pays des deux Congo. Des réalités d'élaboration exogènes viennent s'y incruster à la faveur du développement des "Brazzaville noires", décrites par Georges Balandier, anthropologue français.

Parmi ces influences, une part notable provient de l'intrusion de la rumba dite cubaine, de laquelle les pionniers de la musique congolaise moderne tirent, en outre, sa dénomination. Le vocable "Rumba" ainsi adopté, s'impose à eux, en réalité, par un mimétisme ambiant doublé d'une démarche, plus ou moins volontaire, d'appropriation culturelle à rebours, compte tenu des marques historiques liées à la Traite négrière transatlantique, durant les siècles antérieurs.

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De ce fait, affirme-t-il, la contexture mélodique et harmonique, d'un type nouveau, se consolide avec la création des groupes de musique appropriés, à l'instar de Congo Rumba de Jean Réal (1937), Victoria Brazza de Paul Kamba (1941), Victoria Kin d'Antoine Wendo (1943) et tant d'autres.

La production discographique, à Léopoldville, à compter de la deuxième moitié des années 1940, la radiodiffusion, la prolifération des lieux de loisirs et la multiplication des événements festifs accompagnent fortement la rumba congolaise dans sa visibilité et son assise populaire.

Les maisons d'édition (Ngoma, Opika, Loningisa, Cefa, Esengo ...) mettent spécialement en lumière les artistes-musiciens et surtout, les formations musicales des années 1950 qui poussent à l'affirmation de l'identité propre de la rumba congolaise. Ces orchestres modernes ont pour noms, par exemple, Compagnons de la joie, African-Jazz, Negro Jazz, Beguen Band, Conga succès, Ok Jazz, Cercul Jazz, Rock-a-mambo, Negro Band, Bantous, ...

Il en déduit qu'au total, malgré ces coups de boutoir à la marge, les variations momentanées, les déclinaisons récurrentes et la diversité des inspirations, la rumba congolaise s'est maintenue en tant que phénomène artistique original. Cet héritage dont les fondements ont résisté à l'adversité, parfois, à la multiplicité des approches, souvent, demeure donc intégralement prégnant, au point de justifier son rang actuel de patrimoine en partage, à travers le monde.

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