Ile Maurice: Clarisse Sisters et Anto Neosoul - Clés de soul

Authentique partage musical. Heureuse découverte que celle de l'artiste kenyan Anto Neosoul, présenté vendredi soir, 26 mai, au Caudan Arts Centre par les Clarisse Sisters.

Partage parce que le public a ri, a chanté, a dansé. Les artistes se sont taquinés, se sont pris la main, se sont tour à tour fondus dans l'univers les unes de l'autre, tout en conservant l'essence de leur particularité. À la fin du concert, quand Anto Neosoul fait tournoyer ses dreads jusqu'au vertige, c'est le point final d'un tourbillon d'émotions qui prouve que les Clarisse Sisters ont vraiment trouvé leur «frère» dans cet artiste de culture kikouyou. Il s'est d'ailleurs amusé à expliquer que chez lui, la dot se compte en nombre de chèvres. Ensemble, ils ont fait vibrer l'âme soul.

Il y a d'abord sa voix masculin-féminin qui fait bouger les lignes. La première fois qu'on entend Anto Neosoul, cela surprend. On tend l'oreille. Oui, c'est un bien un gars avec une voix qui monte haut, très haut. Au point où Anto Neosoul se glisse comme dans un gant, dans les chansons des Clarisse Sisters. Quand il chante ses chansons, les harmonies du trio y ajoutent une riche palette de couleurs. Le moment où Anto Neosul reprend l'un des extraits de ses deux albums sans ses «soeurs», c'est comme s'il manquait un petit je-ne-sais-quoi.

Pour ne rien gâcher, Anto Neosoul est monté sur la scène du Caudan Arts Centre vendredi soir avec son humour contagieux et ses piques ironiques. En seconde partie de concert, le voilà sapé comme jamais dans son costume zébré aux chaussures argentées assorties. Avec dans les jambes, le rythme du kata, une danse est-africaine qui pourrait s'apparenter au touss sali local.

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L'artiste kenyan - connu comme animateur radio et télé dans son pays - est à la fois un showman et un boute-en-train. Pendant Dream a little dream, des Clarisse Sisters, il fait mine de s'endormir - avec un journal - dans un transat.

Quand le quatuor reprend Africa de Toto, tube qui date de 1982, Anto Neosoul remet les pendules à l'heure. «This song is quite big in the West but the guy who sung this song never set foot in Africa», lance-t-il. Avant d'ajouter que les Kenyans n'ont jamais vraiment aimé cette chanson à cause des paroles : «I bless the rains down in Africa.» «Mais quelles pluies ?» s'est demandé Anto Neosoul. Faisant mine de traîner des pieds, il a demandé aux Kenyans présents dans la salle : «Don't troll me when I go back home. I was forced to sing this song.»

C'est un répertoire couture que les artistes ont taillé pour cette soirée Out of Africa, avec extrait du film éponyme en ouverture. Lors de la reprise de Malaika, popularisé par Miriam Makebe et attribuée au Kenyan Fadhili William, un couplet a été adapté pour que les artistes reprennent tous en choeur, «mo bien kontan twa lil Moris». Ce voyage Out of Africa a attiré un public cosmopolite, avec des Kenyans, Nigérians, Tanzaniens, Ougandais (dont des étudiants de Middlesex University), ainsi que des Français, des Anglais et des Sud-Africains. Anto Neosoul n'est jamais en reste. Quand Annick Clarisse demande s'il y a des spectateurs du Burkina Faso, il lance : «Even if you're white.» Peu de spectacles peuvent se targuer d'avoir attiré un public aussi divers.

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