Congo-Kinshasa: Charlotte Mulenda - «Les serviettes hygiéniques Hamba Care, pour éviter aux congolaises d'être malades comme je l'ai été »

interview

Militant pour une meilleure santé féminine, la jeune entrepreneure Charlotte Mulenda, vivant à cheval entre les États-Unis et la République démocratique du Congo (RDC), évoque l'histoire tragique à l'origine de la création de sa marque de serviettes hygiéniques lancée en 2021. Dans cette interview accordée au Courrier de Kinshasa, dans le cadre de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle célébrée le 28 mai, elle en révèle les atouts.

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Femme entrepreneure, votre activité est liée à la date du 28 mai, semble-t-il. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Charlotte Mulenda (C.M.) : En effet, le 28 mai c'est la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle et cette date est reliée à la lutte que je mène après avoir été malade suite à l'usage d'un produit inapproprié. Victime, j'ai décidé de me battre pour la cause des femmes de mon pays et leur éviter de tomber malade comme je l'ai été après avoir utilisé des serviettes hygiéniques qui n'étaient pas conformes, remplies de chlore et de dioxine, j'ai failli y passer après avoir été très malade.

Dès lors, j'ai décidé de proposer une meilleure alternative en créant ma propre marque de serviette hygiénique, Hamba care, pour éviter aux Congolaises d'être malades comme je l'ai été. Hamba veut dire fertilité en songye, qui rappelle mon origine congolaise, ma tribu. Hamba est une entreprise congolaise, créée par une Congolaise pour les Congolaises.

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L.C.K. : Comment Hamba care contribue-t-elle à assurer une meilleure hygiène menstruelle aux Congolaises ?

C.M. : Serviettes hygiéniques biodégradables, la gestion après usage des serviettes Hamba care n'est donc pas un problème. Faites à base de la pulpe de bois, elles ne sont pas nocives à la santé car elles ne contiennent ni dioxine ni chlore de sorte qu'elles ne causent aucun désagrément à la santé féminine. Au contraire, en assurant une meilleure hygiène menstruelle, elles garantissent une meilleure santé aux femmes.

L.C.K. : Sur le marché, il existe des marques bien implantées qui plus ne lésinent pas sur la publicité. Pensez-vous pouvoir les concurrencer ?

C.M. : Nous avons des difficultés à nous faire connaître parce que nous n'avons pas encore le niveau de certaines marques qui sont connues et bénéficient de financements. Jeune entrepreneure, nous nous battons seule, mais nous arrivons déjà à fidéliser des clientes qui nous en ramènent après avoir été satisfaites par la qualité de notre produit.

Les Congolaises qui l'ont utilisé sont automatiquement fidélisées et en retour, nous recevons de nombreux témoignages. Plusieurs ont reconnu n'avoir pas ressenti les désagréments habituels, notamment les démangeaisons dont se plaignent souvent nombreuses femmes chaque mois après usage de serviettes sur le marché. Le gouvernement devrait encourager les jeunes entrepreneures qui font leurs preuves comme nous.

Surtout, que nous avons choisi de revenir au Congo pour proposer une solution à un problème congolais, en nous investissant pour le bien-être des Congolaises. Si nous pouvions avoir des financements ou des prêts comme cela se fait ailleurs, la production des serviettes se ferait ici à Kinshasa et cela réduirait leur coût. Hamba care serait plus vite connue du grand public mais surtout, cela fournirait de l'emploi aux Congolais.

L.C.K. : Le coût des serviettes Hamba care n'en fait pas le premier choix en terme de prix. Ne faudrait-il pas commencer par là pour attirer la clientèle ?

C.M. : Je suis de la diaspora, je vis à cheval entre les Etats-Unis et le Congo, c'est là que ma maladie a été découverte et guérie. J'en ai eu l'idée à partir de là et mené des études poussées avant de me lancer dans la production de produits sûrs. La production et l'importation nous coûtent cher de sorte que nos serviettes ont un prix un peu élevé que les nocives vendues sur le marché congolais de mauvaise qualité.

Le chef de l'Etat a dit qu'il encourage l'entrepreneuriat, s'il pouvait avoir l'oeil sur ce que nous faisons, avec l'aide du gouvernement nous pourrions produire ici. Installer une usine ici avec des machines qui ne coûtent pas cher pour que notre marque soit compétitive au niveau du prix sur le marché local.

L.C.K. : Est-il possible de trouver Hamba care sur le marché ?

C.M. : Oui, Hamba care est vendu dans plusieurs supermarchés de Kinshasa. Jusqu'ici, nous avons vingt-quatre points de vente dont l'un est au niveau de la gare centrale. On les trouve aussi dans certaines pharmacies et dans les grands centres de la ville comme Huileries et Kintambo Magasin.

L.C.K. : Les serviettes Hamba care sont-elles adaptées pour un usage de nuit ou de jour, par exemple ?

C.M. : Hamba care est une offre qui convient à la fois pour les jours et les nuits. Hyper absorbantes, les serviettes mesurent 290 cm et sont adaptées tant pour les adolescentes que pour les dames à flux abondant. Chaque paquet contient dix pièces. Mais au-delà de son utilité sanitaire, Hamba est un moyen pour passer un message aux jeunes femmes.

Je les encourage à devenir ambitieuses et à fournir toujours plus d'efforts en sachant que les Congolaises ne sont pas seulement réputées dans la danse ou l'habillement. Nous leur proposons des exemples de femmes modèles au verso du paquet comme Sophie Lihau Kanza, la première femme ministre de notre pays et professeure d'université. Avec Hamba, nous motivons la jeune femme congolaise à cultiver les valeurs en prenant pour exemple des aînées qui ont excellé même au-delà de la République démocratique du Congo.

La stimuler à faire plus et savoir que le meilleur qui puisse lui arriver ce n'est pas seulement le mariage. Les études comptent pour pouvoir se démarquer un jour comme Marie Madeleine Kalala, Marie-Ange Lukiana, etc. La jeune adolescente de 12 ou 14 ans qui tient un emballage d'une serviette Hamba care y découvre une dame à prendre pour modèle.

L.C.K. : Quelle garantie avons-nous que Hamba assure une hygiène menstruelle adéquate ?

C.M. : J'ai été malade après usage de serviettes hygiéniques achetées ici lors d'un de mes séjours et cela a été prouvé qu'elles contenaient de la dioxine. Et donc, le premier souci c'était d'offrir un meilleur produit qui ne rende pas malade, qui ne soit pas nocif. Les clientes reviennent vers nous et attestent qu'avec Hamba, il y a une nette différence.

Les maux habituels, notamment les douleurs et démangeaisons ainsi que les mauvaises odeurs sont oubliées, nous avons recueilli plusieurs témoignages du genre. Hier, nous avons reçu un appel d'une cliente dont la fille a réclamé Hamba parce qu'au-delà de ces qualités, elle a ajouté qu'elles sont discrètes, elles sont faites de sorte qu'on ne les remarque pas, ce qui arrive avec d'autres marques.

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