Cameroun: Dernier hommage à l'humoriste Antonio.

Dernier hommage à l'humoriste Antonio.

Par l'Ecrivain Calvin Djouari

Frère cadet de l'artiste.

Après un mois de dure tristesse, le public est venu dire adieu vendredi 26 mai sur l'esplanade de la gendarmerie de Borne 10 à l'artiste Antonio. Voici venues les heures, sur les chemins et les pentes douces, avec des vases saints, nous venons remplir la mer, l'absence, le vide et le manque qui creuse les cheminées où on retrouve tellement de choses.

En tant que frère cadet de celui-ci, mon premier devoir est de dire solennellement, la reconnaissance de la famille et son remerciement aux autorités politiques et administratives, à toutes les personnes impliquées dans l'organisation qui ont accompagné Antonio tout au long de sa carrière d'artiste jusqu'à sa mort. La Famille exprime également par ma voix toute sa gratitude envers les personnes nombreuses et institutions pour leur soutien et dévouement à l'endroit de leur très regretté humoriste .

Je vais citer quelques-unes, il s'agit de monsieur le délégué à la culture du littoral Edimo François représentant personnel du ministre, la crtv, canal2 international, la télévision Equinoxe, Cyrille Bojiko et sa grande radio Balafon, Beko Sadey, le président du comité d'organisation Hoga, le chargé à la communication Debaloi - le président TchoTchop, le chef de la communauté Vuté de Douala Paul Gadou, Tous les médecins de l'hôpital Laquintinie. Je rends hommage à la presse du Cameroun, toute la communauté des artistes et des Vutés, de nombreux fans - Les communautés des scouts - Les musiciens et musiciennes qui étaient présents à la soirée et ceux empêchés, la communauté des comédiens. A toutes les personnes affectées par cette perte inestimable pour le Cameroun qui ont exprimés leur chagrin sur Facebook et d'autres médias comme Martin Camus Nimb.

Laissez-moi citer par exemple Thierry Mouellé II qui dit ceci : « le décès d'Antonio constitue une immense perte pour l'art et la créativité camerounaise, il expose un grand vide sur la scène humoristique, celle qui alliait légèreté élégance langagière et pédagogie. Hélas de plus en plus rare. »

Un internaute évoque brillamment qu'Antonio symbolisait à travers son humour, la liberté d'expression. L'avènement du multipartisme rusait l'ordre dirigeant à travers sa voix. Imitant le président de la République et les grandes personnalités d'alors, Antonio était au début des années quatre-vingt-dix, l'opus de la liberté d'expression sans ingérence de l'autorité publique et sans considération de frontière. Un humoriste, un vrai comique avec le don de tourner en dérision les décisions les plus déraisonnables de Yaoundé. Un loufoque sans avatar que le Cameroun portera toujours dans son coeur. »

Oui, c'est vrai Antonio était tout cela. Rien ne le préparait à l'humour. Il ne l'a pas appris dans une université, ni au cours de ses études. Il a été amené par les hasards et les tribulations de l'histoire à se lancer dans l'art. Je sais que dès son plus jeune âge, il éprouvait une grande passion pour les jours qui faisaient rire.

Je sais aussi qu'enfant, il aimait imiter notre père à la maison, sans avoir en tête l'idée de devenir un comédien professionnel. Car Antonio était un surdoué à l'école, toujours premier de la maternelle au CM2. Il aimait aussi regarder les films de Louis de Funès, et ceux de Thierry le luron, il aimait côtoyer les grands comédiens et journaliste de l'époque comme Jean Claude Ottou et Jean Miché Kankan, des musiciens comme, Manu Dibango, Elvis Kemayo, San fan Thomas, Lapiro de Mbanga avec qui il va faire une grande tournée du Cameroun.

Il a eu sa plus grande bénédiction chez le père français Léon qui officiait à la paroisse de Tshinga, ce dernier avait créé un groupe théâtral animé par Justin Betty. Dans les années 85, bien qu'il ne soit pas encore apte à jouer de façon professionnelle. Il était présent en lever de rideau. Antonio a joué dans toutes les salles du Cameroun. Il a créé un rendez-vous autour de l'art, sa vie artistique est une aventure hors du commun.

L'humour était au coeur de sa vie et il en faisait un axe important de son quotidien. J'ai la conviction, que ce moment exceptionnel de partage et de fraternité, offre la construction d'une nouvelle famille unie, l'ouverture de l'imaginaire et la réconciliation avec le goût et le désir d'apprendre.

Plus que jamais, au sein de la famille, j'ai une conviction, c'est l'union qui fait la force. J'entends mettre en avant comme fondement de la poursuite de l'oeuvre d'Antonio. Car c'est bien dans l'entente et dans la complémentarité des forces que nous arriverons à fonder une famille solide et généreuse qui arrive à temps au secours des plus affaiblis.

Avec l'hommage fait à Antonio, nous avons la démonstration, éclatante, de la force de l'union dans les valeurs artistiques et culturelles. Elle doit être au coeur de nos vies, elle est à priori l'affirmation de notre identité. Antonio est mort le 27 avril, il a été enterré le 27 mai, il rejoint mon père qui a quitté ce monde il y a 27 ans.

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