Madagascar: Autoroute Tana-Tamatave - Appel des organisations de société civile à la suspension des travaux

Des organisations de la société civile, regroupant une quinzaine d'entités membres, ont signé un communiqué visant à interpeller l'Etat à suspendre les travaux de construction de l'autoroute reliant Antananarivo et Toamasina pour permettre un débat public préalable inclusif.

En effet, « malgré les conventions internationales et les textes législatifs et réglementaires clairs tels que la Charte de l'Environnement, le Code des Aires Protégées et le Décret MECIE, le projet a, comme à l'accoutumée, engagé des travaux et expropriations forcées de la population et des communautés impactées sur l'itinéraire fixe et complet de la construction sans permis environnemental à l'issue de l'avis préalable », ont déclaré ces membres de la société civile.

L'Office national pour l'Environnement a annoncé récemment que l'évaluation de l'étude d'impact environnemental qui a été attribuée au bureau d'études BICO, est prévue se faire entre le 30 mai et le 14 juin 2023 avec une descente sur le site pour le premier tronçon de 80 km jusqu'à Anjozorobe. « On n'est pas du tout contre les projets de développement économiques et des expropriations « légales » pour cause d'utilité publique mais on souhaite une démarche transparente, inclusive et dénuée d'illégalités vis-à-vis de l'intérêt général de la nation et des communautés malgaches déjà paupérisées, sans moyen de défense et qui vivent au jour le jour », expliquent-ils.

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Connaître l'itinéraire complet

Cette interpellation des organisations de la société civile vise à engager un débat public préalable inclusif réunissant l'Etat, la société civile, le secteur privé, les collectivités territoriales décentralisées et les communautés de base impactées par le projet. L'objectif consiste à connaître l'itinéraire final et complet de la construction de l'autoroute et les informations sur les pertes et les bénéfices socio-économiques et environnementaux engendrés.

En effet, l'itinéraire choisi par le gouvernement pour l'autoroute devrait traverser des sites protégés emblématiques et inestimables pour leurs richesses biologiques, physiques et écosystémiques, d'après leurs dires. Il s'agit, notamment de l'aire protégée d'Anjozorobe Angavo, de la zone RAMSAR de l'Alaotra et du Corridor forestier d'Ankeniheny-Zahamena alors que ce site devrait faire bénéficier plus de 15 000 ménages des financements internationaux REDD+.

Transparence sur les investissements

En outre, ces organisations de la société civile réclament une transparence sur l'origine, les conditions et le volume réel des transactions financières des investissements ainsi que la passation de marché en interpellant les ministères des Travaux publics, et de l'Economie et des Finances. Elles pointent également du doigt le ministère de l'Environnement et du Développement durable. En effet, « ce sera après consolidation des résultats de l'évaluation technique et publique que l'ONE et le Comité technique d'évaluation vont statuer sur l'octroi ou non du permis environnemental du projet », ont-elles précisé.

En dépit de tout cela, ces organisations de la société civile, signataires de ce communiqué, s'engagent à participer proactivement à l'atelier régional puis national de concertation et de plaidoyer sur l'autoroute, organisé conjointement et prochainement avec les ONG comme Conservation International,WWF et l'ONG Fanamby. « Nous continuerons à éveiller l'opinion publique et les responsables étatiques à ne pas baisser les bras, à se donner la main et à réagir proactivement sur leurs devoirs citoyens pour une meilleure gouvernance des investissements publics ou privés, et ce, pour l'intérêt général de la nation », ont-elles fait savoir.

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