Le président érythréen Issayas Afewerki sort de son isolement diplomatique. Lui qui ces dernières années ne quittaient que rarement son pays a démarré ce mardi 30 mai une visite de quatre jours en Russie. Ce nouveau voyage officiel a lieu deux semaines après une visite très médiatisée en Chine, marquant ainsi l'alignement de l'Érythrée dans le camp diplomatique anti-occidental.
C'est dans un avion marqué du drapeau russe qu'Issayas Afewerki a quitté Asmara mardi à l'invitation de son homologue Vladimir Poutine. Il était accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Osman Saleh, mais aussi de son commissaire à la Culture et au Sport, Zemede Tekle. Car il ne fait pas de doute que sera évoqué à Moscou l'ascendance abyssinienne du poète russe Pouchkine, dont une statue a été dressée en 2009 sur une place de la capitale érythréenne.
Cependant, d'autres sujets bien plus politiques devraient être abordés. D'abord un point d'accord important entre la Russie et l'Érythrée, manifestée par le soutien d'Asmara à Moscou dans les instances de l'ONU : « le déclin bienvenu à leurs yeux de l'hégémonie américaine », explique Fathi Osman, un ancien diplomate érythréen, aujourd'hui journaliste. Et, concrètement, l'hypothèse de la remise en service d'une ancienne base militaire soviétique dans le port érythréen de Massaoua, à défaut de la base navale au Soudan à laquelle Moscou travaillait avant la guerre.
L'Érythrée a également besoin de soutien économique. La Chine lui en procure une partie. « Mais en ajoutant des fonds pour l'Érythrée à son soutien politique et militaire, ajoute Fathi Osman, la Russie gagnerait un 'pays-frère' dans une région hautement stratégique pour elle dans son bras de fer contre l'Occident. »