Après les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi et membres du F24, gazés et chassés des lieux, alors qu'ils venaient témoigner leur solidarité au leader de Pastef, «placé en résidence surveillée», après son arrestation à Koungheul, le dimanche passé, c'est au tour du collectif des avocats du maire de Ziguinchor de se heurter au «niet catégorique» des Forces de l'ordre et de sécurité.
«Vous ne pouvez pas accéder. Personne ne peut accéder au domicile de Ousmane Sonko, pas même ses avocats. Ce sont des instructions que nous avons reçues de nos supérieurs hiérarchiques.» Ce sont là des propos d'agents des Forces de l'ordre et de sécurité, rapporté Me Etienne Dione, citant ces derniers qui ont barricadé le domicile du leader du Pastef. Selon Me Etienne Dione, «C'est un secret de polichinelle que de dire qu'Ousmane Sonko a été enlevé. On l'a pris de Koungheul pour l'amener donc chez-lui. Et ce, contre son gré. On a communiqué, nous lui avons dit de venir au cabinet de Me Cheikh Khoureyssi Ba, pour que nous tenions une rencontre là-bas».
Toutefois, indique le conseil du leader de Pastef, « Il nous a clairement dit qu'il ne peut pas sortir de chez lui, que toutes les issues sont fermées, sont bloquées. Nous avons oui dire, et nous avons vu sur les réseaux sociaux, qu'effectivement des barricades ont été placées de part et d'autres des chemins et des voies qui mènent chez-lui, à Keur Gorgui», a regretté Me Dione Ndiaye. Cependant, pour en avoir le coeur net, dira-t-il, «Nous avons décidé de faire un transport chez-lui, avec un huissier, afin que nul n'en ignore. Donc, nous nous sommes présentés aux différents endroits menant au président Ousmane Sonko.»
Et de faire constater : «Sur tous les points où nous nous sommes présentés, voilà ce qui nous a été dit par les policiers en factions : «Vous ne pouvez pas accéder. Personne ne peut accéder au domicile de Ousmane Sonko, pas même ses avocats. Ce sont des instructions que nous avons reçues de nos supérieurs hiérarchiques», rapporte la robe noire, dénonçant une séquestration de leur client. «Le président Ousmane Sonko n'est pas en état d'arrestation, si je crois bien. Mais il est séquestré. Parce que quand on vous retient dans un lieu, contre votre gré, cela est une séquestration. C'est une infraction qui, de par la loi donc, est sanctionnée.»
Même son de cloche chez son confrère, Me Amadou Diallo : « Cela montre que le Sénégal n'est plus un Etat de droit. Le Sénégal est un Etat qui viole délibérément, avec la force, les droits des citoyens. Le Sénégal qui a signé toutes les Conventions, est en train de montrer une face hideuse de sa démocratie», peste-t-il, tout en se réservant le droit de dévoiler leur stratégie de combat judiciaire. «On ne va pas dévoiler notre stratégie. Mais, ce que nous avons fait aujourd'hui, ce n'est pas que nous voulons simplement nous promener. C'est des actes que nous avons posé, en vue de procédures que nous allons enclencher au plan national et international. Donc, nous saisirons les juridictions nationales et internationales, au fin de faire porter à la connaissance de tous les violations grave des droits de l'homme au Sénégal, particulièrement ceux des opposants et en l'occurrence Ousmane Sonko», a-t-il laissé entendre.