Congo-Kinshasa: Exploitation du pétrole congolais - Le Chef de l'Etat exhorté à s'abstenir

Des organisations non gouvernementales membres de la société civile congolaise ont recommandé au gouvernement de la République d'arrêter le processus d'appel d'offres sur les blocs pétroliers et gaziers, et de ne pas investir ans le Projet d'oléoduc en Afrique de l'Est (Eacop).

Dans un mémorandum adressé le 29 mai au chef de l'Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et qui a fait l'objet d'un point de presse tenu le même jour au siège de l'Apem, dans la commune de Barumbu, les organisations signataires ont soutenu leur position par quatre raisons majeures.

Elles ont, en effet, relevé qu'avec l'abandon progressif des combustibles fossiles et l'adoption croissante des énergies renouvelables, la demande pour ces énergies diminuera considérablement au cours des vingt-cinq prochaines années. « Ainsi, les investissements dans les blocs pétroliers et gaziers de la RDC risquent de devenir des "actifs échoués", se dévalorisant de manière significative au fur et à mesure que les conditions du marché changent », ont souligné les signataires du mémo.

Ils ont relevé que depuis le lancement des avis à manifestation d'intérêt pour les appels d'offres d'attribution des droits d'hydrocarbures dans le pays en 2022, aucune grande entreprise mondialement connue dans le secteur pétrolier et gazier n'a répondu. Les dates limite de dépôt des candidatures, font-elles observer, sont repoussées mois après mois.

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Pour eux, ce manque d'intérêt témoigne du risque accru lié au lancement d'activités pétrolières et gazières à l'heure actuelle en République démocratique du Congo (RDC). « Ces facteurs devraient interpeller le gouvernement congolais à considérer l'exploitation du pétrole comme un très grand risque pour l'économie du pays », ont souligné ces organisations.

Le pays solution qui marche contre ses principes

Relevant l'ambition du pays de jouer un grand rôle dans la préservation du climat mondial, ambition relevée notamment à la COP 26 où la RDC s'est déclarée pays solution au changement climatique, ces organisations, qui notent que le pays ne dispose pas de ressources prouvées pour l'ensemble des blocs soumis à l'appel d'offres, pensent que l'exploitation de ces blocs pétroliers et gaziers n'est plus compatible avec le scénario 1,5° C, pour la limitation de l'augmentation des températures moyennes mondiales. Elles soulignent que tous les blocs pétroliers de la RDC sont situés dans des zones écologiquement très sensibles aussi bien pour le pays que pour la planète entière.

Ces organisations notent également que la RDC a plus à gagner en investissant dans les énergies nouvelles et renouvelables que dans les énergies fossiles que le monde est en train d'abandonner petit à petit. « Ainsi, en choisissant d'investir dans de nouvelles extractions pétrolières, la RDC perd en même temps toutes les opportunités d'emploi à une jeunesse majoritairement chômeuse », ont-elles souligné.

L'un des projets les plus controversés au monde

Elles ont aussi noté que l'Eacop est devenu l'un des projets les plus controversés au monde en raison de l'ampleur de ses impacts environnementaux et sociaux potentiels.

« Plus long oléoduc chauffé du monde, l'Eacop présente des risques pour l'ensemble de l'Ouganda, de la Tanzanie et la RDC ainsi que pour le climat mondial », ont fait remarquer ces organisations, indiquant que 118 000 personnes seront déplacées économiquement ou physiquement le long du tracé de l'oléoduc, principalement des communautés agricoles pêcheuses qui vivent de leurs terres et lacs. A les en croire, ce projet émettra jusqu'à 34 millions de tonnes de gaz carbonique par an dans l'atmosphère en période de production maximale...

Pour ces organisations, ce sont ces dangers présentés par ce projet qui ont poussé des acteurs importants, dont les vingt-six banques et vingt-trois assureurs qui avaient souscrit pour appuyer le projet Eacop, à s'y retirer progressivement. Et, ces éléments sont des indicateurs clairs des risques liés à ce projet.

Elles ont, en conséquence, appelé la RDC à ne pas s'engager et disent attendre du chef de l'Etat congolais d'arrêter le processus d'appel d'offres sur les blocs pétroliers et gaziers ; d'arrêter toute implication du pays dans le projet Eacop; d'entreprendre des études de faisabilité pour la mise en oeuvre des alternatives à l'exploitation des combustibles fossiles pouvant offrir de meilleurs résultats sociaux et économiques pour le pays et sa population ; et de développer des partenariats dont la RDC devra être bénéficiaire dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat.

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