L'Afrique du Sud a-t-elle livré des armes à la Russie ? Un comité d'enquête indépendant dispose d'au moins six semaines pour faire la lumière sur les accusations portées par l'ambassadeur américain dans le pays il y a deux semaines. Ce comité de trois personnes, présidé par un juge à la retraite, a été désigné par la présidence sud-africaine. Plutôt que de démentir les accusations, le chef de l'État, Cyril Ramaphosa avait promis d'ouvrir une enquête. C'est désormais chose faite. Mais la méthode ne convainc pas.
Un bateau russe sous sanction américaine, le Lady R, a jeté l'ancre dans une base navale sud-africaine en décembre et la présidence donne l'impression de ne pas savoir grand-chose à son sujet. Les responsables sont pourtant à portée de main estime Kobus Marais, en charge des questions de défense pour l'Alliance démocratique (DA), le premier parti d'opposition.
« Ça s'est déroulé dans la base navale de Simon's Town, un endroit extrêmement sécurisé. Seule une poignée de personnes très haut placées peuvent avoir donné leur accord. Alors on pense que c'est gaspiller de l'argent de nommer un comité d'enquête indépendant sur ce sujet. »
Le parti, 'Freedom Front Plus', craint une chasse aux boucs émissaires pour permettre au gouvernement de se dédouaner. Mais pour Fikile Mbalula, secrétaire général de l'ANC, au pouvoir, l'enquête doit surtout permettre à l'Afrique du Sud de laver son nom. « Si le président n'avait rien fait et seulement balayé ces accusations, ça nous aurait collé à la peau. Si quelqu'un a livré des armes à la Russie, nous agirons en conséquence. »
Reste à savoir si les enquêteurs auront accès aux renseignements américains. L'ambassadeur disait détenir des preuves. Le comité indépendant pourrait remettre son rapport dans deux mois.