Avant Ousmane Sonko, plusieurs opposants et non des moindres, ont eu des ennuis avec la justice sénégalaise : Khalifa Sall, Karim Wade et Barthélémy Dias.
L'avenir politique du Sénégal est toujours incertain à la suite des poursuites judiciaires à l'encontre d'Ousmane Sonko, le principal opposant au pouvoir qui est notamment accusé de viols.
Ousmane Sonko dénonce pour sa part un procès politique et accuse le président Macky Sall d'instrumentaliser la justice pour le neutraliser.
L'opposant est confronté à la justice depuis 2021 dans deux affaires : une accusation de diffamation qui l'oppose à un ministre et une accusation de viols et de menaces de morts portée par une ancienne employée d'un salon de beauté de Dakar.
Face à cela, Ousmane Sonko parle d'un complot orchestré par le chef de l'Etat, Macky Sall, pour l'écarter de la présidentielle de 2024.
Mais Ousmane Sonko n'est pas le premier opposant à être inquiété par la justice.
Avant lui, c'est le maire de Dakar, Barthélémy Dias, qui a été condamné en 2017 à deux ans de prison, dont six mois ferme. Il était poursuivi pour la mort d'un homme tué par balle en 2011, lors de l'attaque de la mairie Mermoz Sacré-Coeur, que dirigeait Barthélémy Dias. Il a toujours nié les faits.
Khalifa Sall
Il y a aussi le cas Khalifa Sall : l'ancien maire de Dakar a purgé une peine de cinq ans pour escroquerie sur les deniers publics, avant de recouvrer la liberté à la faveur d'une grâce présidentielle.
Arrêté en mars 2017 puis condamné en août 2018, Khalifa Sall avait été reconnu coupable du détournement d'environ 2,5 millions d'euros, prélevés entre 2011 et 2015 sur les caisses de la ville de Dakar.
Il a toujours nié ces accusations, affirmant que les maires de Dakar auraient eu de tous temps à leur disposition une somme destinée à leur action politique.
Les ennuis judiciaires de Khalifa Sall ont débuté après son départ de la coalition bâtie autour du président Macky Sall.
L'homme a répété que les poursuites à son encontre étaient destinées à l'empêcher de se présenter à la présidentielle de février 2019. Un scrutin pour lequel il n'avait pas pu être candidat et qui avait été remporté par Macky Sall.
Le cas Karim Wade
Enfin, il y a le cas Karim Wade, fils et ancien ministre de l'ancien chef d'Etat, Abdoulaye Wade.
Karim Wade a été condamné en 2015 à six ans de prison ferme et à plus de 210 millions d'euros d'amende pour « enrichissement illicite » quand son père dirigeait le pays.
Karim Wade a toujours nié les faits. Après trois ans de prison, il a bénéficié d'une grâce présidentielle et a été libéré en juin 2016. Cependant, il est en exil à l'étranger et est sous la menace d'une arrestation s'il rentre au pays, à moins qu'il s'acquitte de son amende.
Désigné candidat du Parti démocratique sénégalais, l'ancien parti au pouvoir, à la présidentielle de 2019, sa candidature avait été rejetée en raison de sa condamnation.
Aux opposants qui accusent le pouvoir de manipuler les juges, le ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall, rétorque que dans le cas d'Ousmane Sonko, par exemple, il s'agit d'une affaire "purement privée" dans laquelle l'Etat dit-il, n'a rien à voir.
Tout compte fait ajoute le ministre, à chaque fois que des hommes politiques, partout dans le monde, ont été confrontés à des affaires judiciaires, on a accusé le pouvoir d'instrumentaliser la justice pour éliminer des opposants à des élections.