Ile Maurice: Une arrestation destinée à détourner l'attention ?

Le timing de l'arrestation de lundi est surprenant. Elle arrive cinq ans après les faits et quatre ans après les «révélations» de Top FM. Cela après le départ volontaire de Sherry Singh de MT et ses révélations sur l'affaire de sniffing en juillet 2022.

L'enquête de la police semble avoir, elle aussi, commencé un peu tard et aurait pris la direction de Sherry Singh après la saisie de 22 tonnes de cuivre chez Tradeway International Ltd le 10 avril. Presque deux mois plus tard, Sherry Singh est «invité» aux Casernes centrales d'où il a accompagné la SST chez lui et de là, il s'est retrouvé en état d'arrestation ainsi que son épouse. On ne sait pas si c'est la perquisition qui a justifié cette mise à l'ombre.

Une perquisition après tout ce temps ? Si elle a servi à mettre presque à nu médiatiquement l'ex-CEO de MT, le timing précis semble servir un autre objectif : détourner l'attention du public des affaires très embarrassantes en ce moment pour le pouvoir et la police. Il y a eu la convocation de Yogida Sawmynaden (le même jour), le renvoi des municipales et surtout l'affidavit juré par Vimen Sabapati qui a beaucoup secoué la SST. Il y a aussi d'autres actualités brûlantes comme celles concernant Maneesh Gobin que ce soit pour le mandat d'arrêt, commission rogatoire et jugement non notifié à Franklin ou l'autre série l'impliquant et concernant les terrains de chasse de cerf et de singes.

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Que Sherry Singh soit réellement impliqué et seul dans des magouilles à propos de la vente du cuivre par MT, seule une cour de justice nous le dira, si jamais l'affaire y est portée. À noter que MT avait dans sa plainte contre Top FM juré dès novembre 2019 que la vente du cuivre a suivi toutes les procédures. Plainte qui a été retirée contre toute attente après trois ans et demi, soit le 10 mai, lorsque Me Roshi Bhadain a pointé le doigt à la position ambiguë de MT envers Sherry Singh, puisque cette dernière lui reprochait en même temps d'avoir favorisé Tradeway Int. Ltd pour le même cuivre vendu. Une mise en accusation policière et médiatique donc qui était dès le départ plutôt fragile !

Quand on pense aux autres affaires claires et nettes comme Angus Road, St Louis, le meurtre de Kistnen pour lequel une magistrate et le DPP ont recommandé une enquête policière approfondie ou le scandale Molnupiravir pour lequel une autre magistrate vient de fournir les pistes à la police, on est en droit de se demander si cette même police est bien impartiale. Et que dire d'autres scandales notamment Pack & Blister, le Wakashio et le Sir Gaëtan dont le rapport d'investigation présidée par des ex-juges et non de petits avocats n'ont pas été rendus publics et encore moins remis à la police pour enquêter sur la responsabilité de certaines personnalités !

La police ou, tout au moins, la SST se montre, selon les dires mêmes de certains policiers, comme une véritable «police parallèle, police politique ou une milice» depuis l'arrestation de Bruneau Laurette. Qui arrêtera la SST ? En tout cas, pas le gouvernement, dont les intérêts semblent converger par coïncidence avec ceux de cette SST.

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