Ile Maurice: Cigarette - Ce que vous devez savoir sur les changements en vigueur dès ce 31 mai

À partir d’aujourd’hui, de nouvelles réglementations sont appliquées pour la vente de cigarettes et les emballages.

La Journée mondiale sans tabac est célébrée le 31 mai. À partir d'aujourd'hui, de nouvelles réglementations limitent la vente de cigarettes près des établissements scolaires, entre autres. De même, les paquets à emballage neutre seront introduits. Quel en sera l'impact sur les fumeurs ? Le tabagisme a-t-il reculé ou s'est-il amplifié depuis la dernière majoration de prix ? Explications.

Parmi les nouveaux règlements appliqués le 31 mai, on trouve l'emballage neutre pour les paquets de cigarettes. Selon Damini Mohur, les instances concernées, telles que les douanes et le National Agricultural Products Regulatory Office (NAPRO), impliquées surtout dans l'importation de produits contenant du tabac, collaborent étroitement avec le ministère pour la bonne mise en place de ce nouveau concept. Deuxièmement, plusieurs catégories de produits et des appareils électroniques utilisés pour consommer du tabac seront prohibés.

Une règle applicable pour les touristes aussi, souligne-t-elle. Dans la même veine, il n'y aura plus de cigarettes avec des capsules aux saveurs variées, dont les cigarettes mentholées ou fruitées. «D'après la Convention cadre pour la lutte antitabac de l'OMS, tous les pays membres doivent avoir des graphiques sur les boîtes de cigarettes, démontrant les méfaits du tabac.

Avec les nouveaux règlements, il y aura huit différentes images et le pourcentage de la boîte qui en sera recouverte passera de 60 % à 80 % sur l'avant, et de 70 % à 100 % au verso», explique-telle. Au niveau des établissements scolaires et des centres de sport et de loisirs, la vente sera interdite par les nouveaux commerces dans un rayon de 200 mètres. Enfin, l'achat et la vente de produits de tabac en ligne seront aussi contrôlés.

Quelles sont les implications de ces nouveaux règlements? Oscar Mamet, Managing Director de TNS Tobacco, fournisseur principal des produits tabac de la BAT à Maurice, explique que «les nouvelles dispositions des Public Health (Restrictions on Tobacco Products) Regulations 2022, qui entrent en vigueur à partir du 31 mai de cette année, concernent également le plain packaging», soit l'emballage neutre.

Cette loi, poursuit-il, s'applique aux nouvelles importations de paquets de cigarettes effectuées à partir de cette date. Toutefois, il est important de souligner que les nouvelles dispositions de la loi sur le paquet neutre prévoient une période de transition, pour permettre aux importateurs et aux détaillants d'écouler leurs stocks existants et de donner le temps aux producteurs de fabriquer les nouveaux paquets de cigarettes.

Au niveau de la BAT, des «artworks» des nouveaux emballages ont été soumis aux autorités mauriciennes pour approbation. Une fois celle-ci obtenue, la production pourra démarrer. Mais il faudra compter entre six à neuf mois avant de voir les nouveaux emballages de cigarettes sur les étagères car il faut aussi tenir en compte le temps nécessaire pour l'empaquetage et l'expédition vers Maurice.

«Par ailleurs, nous avons remarqué une certaine confusion parmi les détaillants qui opèrent dans un rayon de moins 200 mètres d'un établissement scolaire ou encore d'une infrastructure sportive et de loisirs et d'une aire de jeux. Il est important de faire ressortir que cette nouvelle disposition de la loi ne s'applique qu'aux nouveaux points de vente et non à ceux déjà existants. Ainsi, les détaillants qui ont obtenu leur licence avant le 31 mai 2023 peuvent continuer à vendre les paquets de cigarettes.»

«Ces nouvelles dispositions de la loi auront un impact significatif sur les acteurs de l'industrie du tabac et sur les consommateurs. Il est donc essentiel que tous ceux concernés par les nouveaux règlements stipulés dans les Public Health (Restrictions on Tobacco Products) Regulations 2022 soient dûment avisés afin qu'ils puissent comprendre leurs implications et les respecter», déclare-t-il.

La prise de conscience gagne du terrain

Forte des changements applicables dès le 31 mai, la cigarette fera-t-elle toujours un tabac ? En effet, la vente sera restreinte à un rayon de 200 mètres des établissements scolaires, et centres de sports et de loisirs par les nouveaux commerces. Parallèlement, l'emballage neutre des paquets de cigarettes fera son entrée progressivement. Notons également que le prix du tabac a récemment été frappé par quelques majorations.

Cette Journée mondiale sans tabac est aussi l'occasion de faire un état des lieux sur le tabagisme à Maurice. La consommation est-elle en progression ? D'après Damini Mohur, Head of Tobacco Control Unit du ministère de la Santé et du bienêtre, l'importation de cigarettes a augmenté ces dernières années. Elle cite les chiffres de la Mauritius Revenue Authority qui convergent vers plus d'un milliard de cigarettes importées en 2022. Par contre, en termes de consommation, une baisse a été observée.

Selon le Non Communicable Disease (NCD) Survey de 2021, le tabagisme se chiffre à 35,5 % chez l'homme et 3,7 % chez la femme. En 2015, ces taux étaient de 38 % chez les Mauriciens et de 3,9 % chez les Mauriciennes. Une réduction confirmée chez les fumeurs adultes par Sanjay Pandu, vice-président de la Ligue vie et santé et animateur du «Plan de 5 jours». «Les Mauriciens prennent davantage conscience des enjeux sur la santé, comme les troubles cardiaques et les bronchites chroniques, ainsi que de la flambée du prix des cigarettes», déclare-t-il.

La baisse est-elle perceptible chez les jeunes ?

Hélas, poursuit-il, un rajeunissement et une féminisation des fumeurs sont constatés. «Les adolescents de 12-13 ans tombent dans cette dépendance. De même, on note beaucoup de filles qui en consomment. Malheureusement, le tabac est une porte d'entrée vers des drogues dures», constate-t-il. Des observations confirmées par le travailleur social, Ally Lazer. D'après lui, 1 500 Mauriciens meurent chaque année de causes liées au tabagisme. Il estime aussi que l'État dépense plus d'argent pour le traitement, comparé aux revenus dérivés de la cigarette. «Chez les élèves de Grade 7, le tabac est flagrant. Il suffit de les voir aux abords des collèges. C'est devenu comme une norme. Et les filles n'y échappent pas», déclare-t-il.

Déjà, en 2016, le GlobalYouth Tobacco Survey 2016 mettait en exergue le fait que davantage de jeunes fument. «Même si les chiffres montrent que sept élèves sur dix affirment avoir une notion des méfaits du tabagisme à travers les renseignements mis à leur disposition dans les campagnes de sensibilisation, la proximité des boutiques rend la cigarette plus accessible», déclare Damini Mohur. Les nouvelles réglementations visent justement à limiter l'accès des cigarettes aux mineurs.

Qu'en est-il du décrochage ?

Les plans pour mettre un terme au tabagisme trouvent-ils davantage preneurs aujourd'hui ? En 2022, les cliniques de sevrage tabagique de l'État ont accueilli 1 915 personnes. Au total, neuf de ces cliniques sont présentes à travers l'île. La dernière en date a été inaugurée en avril, à Montagne-Longue. Gratuit, le traitement est également disponible aux mineurs accompagnés d'un adulte, précise notre interlocutrice. La prise en charge comprend le counselling, la détermination de la dépendance à la nicotine et un traitement pharmacologique. Les médicaments utilisés, comme le chewing-gum à base de nicotine, les patchs de remplacement nicotiniques et le Zyban, sont strictement contrôlés, poursuit-elle.

Pour Sanjay Pandu, davantage de fumeurs intègrent les programmes visant à arrêter de fumer. «Nous avons récemment organisé une activité à Britannia. Le nombre de participants était assez élevé, ce qui indique la prise de conscience des méfaits du tabagisme. En sus de ces programmes, l'élaboration d'activités sportives et de loisirs s'impose pour les jeunes, pour mieux les encadrer», ajoute-t-il. Ally Lazer est plus sceptique, soulignant le manque d'intérêt des fumeurs à rompre avec leur addiction. «Certains individus m'expliquent avoir pu cesser leur consommation d'héroïne, mais ils n'y arrivent pas pour la cigarette. Ils sont déjà accros à la nicotine.»

Concernant les nouvelles réglementations, Sanjay Pandu mentionne que le paramètre de distance de 200 mètres des établissements scolaires pour la vente de cigarettes jouera un rôle important, mais que c'est surtout la vente au détail qui doit cesser. Quant à l'emballage neutre, il estime qu'un impact sera perceptible sur les consommateurs. «Il se peut que ce changement ne les décourage pas à fumer car ils sont plus focalisés sur le contenu du paquet. Ils peuvent aussi utiliser un étui pour que le tabac soit plus agréable.

Que chacun prenne ses responsabilités par rapport au tabagisme. C'est toute une éducation qui doit être effectuée.» Un point sur lequel rebondit Ally Lazer. «Même si le prochain Budget augmente le prix des cigarettes ou que des images des méfaits du tabac sont adossées aux paquets, cela ne va pas détourner les consommateurs de cette dépendance. Il faut une action nationale, empêchant les gens d'y tomber dès le départ.»

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