Congo-Kinshasa: Me Jean Claude Katende - « Il y a lieu de s'inquiéter... »

opinion

Dans quelques mois, les élections générales pourraient avoir lieu en République Démocratique du Congo. Malgré que la mise en oeuvre du processus électoral se poursuit, l'opposition politique et une partie de la société civile continuent à protester et à exiger le réajustement et la transparence du dispositif électoral (composition de la CENI, fichier, Cour constitutionnelle...).

Le refus de prendre en compte ces revendications de l'opposition et une partie de la société civile pourrait conduire à l'organisation des élections dans un climat d'agitation comme en 2006, 2011 et 2018. Vraiment, rien n'est fait pour que les élections de 2023 soient différentes de celles passées. Un vrai motif d'inquiétude quand nous savons que les élections coûtent chères en vie humaine dans notre pays.

A cette inquiétude, il faut ajouter une autre liée aux différentes interdictions de déplacement et de tenir des réunions dont les opposants sont victimes de la part des autorités politico-administratives de certaines villes et cités.

Au courant de ce mois de mai 2023, Monsieur Moïse KATUMBI a été empêché de se rendre au Kongo Central où il devait participer à plusieurs activités politiques prévues par son parti politique pour des raisons qui ne tiennent pas la route. Monsieur MATATA a été interdit de tenir un meeting à Kenge, chef-lieu de la province de Kwango.

A Kikwit, les opposants ont tenu des réunions en dépit du fait que deux jours avant, le maire de la ville avait interdit ces activités en prenant pour raison l'insécurité créée par la milice Mobondo. Une autre raison qui relève de la mauvaise foi.

Face à tout ceci, on peut se poser quelques questions :

1. Pourquoi la majorité au pouvoir et l'opposition ne sont pas traitées de manière égale quand il s'agit de l'organisation des réunions ou des meetings ?

2. Pourquoi les choses demeurent comme sous le Président Kabila alors que c'est le Président TSHISEKEDI qui est au pouvoir ?

3. Pourquoi, sous tous les régimes, les activités de l'opposition sont toujours vues comme une menace pour le pouvoir en place ?

Si nous voulons que les élections se passent dans un climat apaisé, le pouvoir en place devra se comporter de manière transparente et impartiale à l'égard de tous les partis politiques.

Les frustrations et injustices dont les opposants sont victimes aujourd'hui ne profiteront à personne de manière durable. Elles entretiennent l'esprit de vengeance qui n'a pas sa place en démocratie.

Ce que l'UDPS avait subi hier, elle le fait subir aux opposants d'aujourd'hui. Les opposants d'aujourd'hui quand ils auront un jour le pouvoir, ils feront aussi subir les mêmes frustrations et injustices aux opposants de demain.

Avec cette mentalité, c'est le peuple congolais qui perd toujours.

La démocratie est une maison où tout le monde doit être à l'intérieur. Personne ne doit être laissé dehors. Telle est la vision de notre Constitution.

Fait à Kinshasa, le 29 mai 2023.

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