Le Burundi a organisé ce mercredi le 21e sommet extraordinaire de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC). Plusieurs chefs d'États et ministres étaient présents pour examiner la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, mais aussi étudier une éventuelle prolongation de la force est-africaine déployée dans la zone, notamment pour lutter contre la rébellion M23. Kinshasa a plusieurs fois remis en cause ses actions et a demandé qu'une évaluation soit faite avant toute extension. Finalement, un compromis a été trouvé.
Les États-membres ont finalement prolongé le mandat de la force est-africaine jusqu'au 8 septembre, notamment pour consolider les gains obtenus sur le terrain, dit le communiqué.
Au cours de ce 21ème sommet extraordinaire de @jumuiya, les Chefs d'Etat et de Gouvernement se sont également penchés sur la question de l'intégration de la Somalie dans la Communauté Est Africaine ainsi que l'analyse de l'évolution de la situation sécuritaire à l'Est de la #RDC pic.twitter.com/vxjUxwOXwt-- Ntare Rushatsi House (@NtareHouse) May 31, 2023
Par ailleurs, d'ici au 15 juin, le secrétariat de l'EAC devra constituer une équipe composée d'un brigadier général issu de chaque contingent sur le terrain, afin d'évaluer l'application du mandat de la force. Un rapport devra être soumis dans les 90 jours. En effet, Kinshasa exigeait que l'action de la force soit auditée. La RDC estime que certains contingents n'étaient pas assez « offensifs » envers le M23, voire avaient instauré une sorte de collaboration avec les rebelles, violant ainsi leur mandat de départ.
Un mandat prolongé, mais réévalué : un compromis qui satisfait Giscard Kusema, directeur adjoint de la communication à la présidence congolaise. « La voix de la RDC a été entendue, les présidents insistent sur l'obligation de résultats et surtout sur le respect du mandat accordé à la force sous-régionale. C'est un sursis qui a été accordé. On veut un mandat beaucoup plus offensif. Cette force va devoir s'activer réellement et donner des résultats pour lesquels elle avait été invitée. »
Les contingents venus d'Ouganda et du Kenya étaient particulièrement visés par les critiques congolaises. Pas étonnant donc que le président kényan William Ruto se réjouisse de l'extension de la mission. « Il y a un déploiement complet de la force, un cessez-le-feu depuis deux mois, un retour progressif des civils. Avec cet accord, les défis que le Congo connaît depuis 20 ans sont en train d'être résolus. Il reste encore beaucoup à faire, mais ce qui a été accompli en six mois, montre qu'il y a une opportunité pour la paix et la stabilité. »
Un retrait du M23 des zones qu'il contrôle et le cantonnement de ses éléments est prévu de longue date, mais sur le terrain la situation est bloquée. Le sommet de Bujumbura a donc tenté de relancer le processus. Les États-membres demandent ainsi aux états-majors et aux partenaires, comme l'ONU, de s'assurer d'ici 3 semaines, que la ville de Rumangabo, dans le Nord-Kivu a les capacités d'accueillir un site de pré-cantonnement.
Enfin, étant donné les tensions qui existent autour de ce dossier, il a été décidé de nommer un chef de mission civil pour coordonner tous les problèmes politiques au sein de la force.