Dakar se réveille sous haute tension. Le délibéré du procès de l'opposant Ousmane Sonko pour viols est attendu ce jeudi. Le candidat déclaré à la présidentielle de 2024 encourt de cinq à dix ans de prison. S'il est condamné, il sera définitivement inéligible.
C'est la conclusion d'une affaire qui dure depuis plus de deux ans... Tout a commencé en février 2021, rappelle Juliette Dubois à Dakar, lorsqu'une employée de salon de massage, Adji Sarr, porte plainte contre l'opposant pour viols et menaces de mort. Depuis, il a admis être allé se faire masser pour des problèmes de dos mais il nie tout viol et dénonce un complot politique pour l'écarter de la course à la présidentielle.
Le procès s'est ouvert mardi dernier sans Ousmane Sonko qui s'était retranché dans son fief de Ziguinchor en Casamance... Il disait que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies pour qu'il s'y rende.
Après une journée d'audience marathon, le procureur a finalement requis cinq ans de prison pour corruption de la jeunesse OU dix ans de prison pour viols contre l'opposant...
En cas de condamnation, Ousmane Sonko ne pourra pas faire appel car c'est un jugement en son absence, par contumace et il sera également déclaré inéligible.
Ousmane Sonko se rendra-t-il au tribunal aujourd'hui ?
On sait que Ousmane Sonko se trouve à Dakar depuis dimanche. Il a été ramené de force par la gendarmerie alors qu'il avait lancé une grande caravane depuis Ziguinchor avec ses partisans... mais on ne sait pas encore s'il se rendra au tribunal ce jeudi.
La journée s'annonce tendue, la circulation des motos est interdite et ces derniers jours des heurts ont éclaté dans certains quartiers de Dakar. Un homme a été tué vendredi dernier dans des affrontements entre manifestants et forces de sécurité alors qu'Ousmane Sonko traversait la ville de Kolda avec son convoi.
Tous les accès au quartier de cité Keur Gorgui restaient bloqués par les forces de défense et de sécurité hier, mercredi, précise Charlotte Idrac. Le député du parti Pastef, Guy Marius Sagna, a une nouvelle fois tenté d'approcher le domicile d'Ousmane Sonko, sans succès. « Ce blocus autour de la maison du président Ousmane Sonko est illégal, martèle le député. Si condamnation il doit y avoir, il faudra lutter, imposer un rapport de force au président Macky Sall pour qu'l recule et dans son funeste et mortifère plan de troisième mandat... »
Le « contre dialogue » annoncé par la plateforme des « forces vives F24 » n'a pas pu avoir lieu. « Les forces de l'ordre nous ont sommé de quitter le siège du Grand Parti » où devait se tenir la rencontre, affirme un membre du collectif.
Cela fait plus de deux ans maintenant que la procédure judiciaire entre Ousmane Sonko et l'ancienne masseuse Adji Sarr est source de violences. Cette affaire divise le pays. « Il est temps que cela s'arrête » pour Benjamin, une nouvelle fois empêché de circuler en deux roues. Décision du gouverneur de Dakar « par mesure de sécurité ».
Alors qu'Ousmane Sonko a appelé ses partisans à se mobiliser, le chef de l'État a affiché sa fermeté hier : « L'État est et restera debout pour protéger la Nation, la République et ses institutions », assure Macky Sall
Ousmane Sonko, il faut le rappeler, a déjà été condamné en appel à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre le ministre Mame Mbaye Niang début mai.