Guinée: Pr Fallou Ngom de l'Université Boston - « Les manuscrits sont un patrimoine ignoré»

L'Afrique est présentée comme un continent où l'histoire et la littérature reposent sur un sédiment oral et où l'écriture est niée même dans les cercles intellectuels.

Pour inverser ce score des chercheurs sont en train d'exhumer les manuscrits enfouis dans la poussière du temps ou dans des coffres en bois familiaux afin de les digitaliser et les mettre à la disposition de la communauté intellectuelle mondiale. Acteur du lot, le professeur Fallou Ngom, professeur titulaire d'Anthropologie à l'Université de Boston rappelle la valeur morale et plurielle de ces manuscrits :

«C 'est un patrimoine ignoré malheureusement, mais les manuscrits représentent les connaissances les plus importantes de nos cultures, de nos traditions, de notre manière de voir le monde parce qu'on a tendance à assimiler l'Afrique à un continent qui n'a pas d'écrits, qui n'a pas de littérature écrite, je pense que ça s'est tellement ancré y compris dans le monde académique... »

Puis, le chercheur s'est lancé dans une valorisation des érudits africains qui n'ont pas à rougir devant l'intelligentsia européenne qui leur était contemporaine parfois :

« On nous parle de Baudelaire, Voltaire ou Rimbaud alors que nous avons les Thierno Samba Mombéya, Thierno Sadou Dalein, au Sénégal nous avons Serigne Moussa Kaa, Serigne Mbaye Diakhaté, au Nigéria la famille d'Ousmane Dan Fodio, lui-même a écrit et une de ses filles nana Asmaou aussi... »

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Ces manuscrits que de bons samaritains travaillent à exhumer aujourd'hui sont écrits en Ajami, une sorte d'enrichissement de l'Arabe classique pour écrire dans les langues africaines, dans les mots du professeur Fallou Ngom voilà comment cela peut s'expliquer :

« ...De la même manière que l'alphabet latin, l'alphabet romain a été modifié pour écrire le Français, l'Anglais, l'Allemand et l'Espagnol, c'est de la même façon que l'Arabe classique a été modifié pour écrire en Ouoloff, Mandeinka ou Soninké etc... »

Il convient de noter que des opérations de digitalisation ont été réalisées en terre Ouoloff et Mandeinkas ces dernières années et le Fouta Djallon devra aussi abriter cette opportunité très bientôt.

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