Le tabagisme entraine chaque année plus de huit millions de décès dans le monde selon l'organisation mondiale de la santé Afrique (Oms). Dans son discours d'hier, mercredi 31 mai lors de la journée mondiale de lutte contre ce fléau, Dr Matshidiso Moeti a avancé : « le nombre de consommateurs de tabac dans la Région africaine est passé d'environ 64 millions d'utilisateurs adultes en 2000 à 73 millions en 2018».
Si le nombre de consommateurs des produits du tabac diminue dans d'autres régions du monde, l'OMS a estimé qu'il ne cesse d'augmenter dans la Région africaine. Une augmentation qui est due en partie à une production accrue de produits du tabac et à une commercialisation agressive de la part de l'industrie du tabac. En cette journée mondiale de lutte contre le tabac, le thème retenu est : «Cultivons des aliments, pas du tabac».
Une dynamique qui vise à sensibiliser les cultivateurs de tabac aux diverses possibilités de production et de commercialisation de cultures de remplacement et à les encourager à opter pour des cultures durables et nutritives. Pour la directrice de l'OMS Afrique Dr Matshidiso Moeti, ce thème vise en outre à exposer les procédés mis en place par l'industrie du tabac pour entraver les initiatives de substitution de la culture du tabac par des cultures durables, contribuant ainsi à exacerber la crise alimentaire mondiale.
Ainsi, l'OMS renseigne que sur environ 828 millions de personnes souffrant de la faim dans le monde, 278 millions (soit 20 % de ces personnes) vivent en Afrique. De plus, 57,9 % de la population africaine est exposée à une insécurité alimentaire modérée grave.
Cette situation compromet l'atteinte de l'objectif 2 de développement durable dans la Région, lequel vise à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable.
«L'intensification de la culture du tabac dans la Région africaine est une grave menace pour notre sécurité alimentaire et nutritionnelle. Les données disponibles révèlent que si la superficie consacrée à la culture du tabac a diminué de 15,7 % au niveau mondial, elle a en revanche augmenté de 3,4 % en Afrique entre 2012 et 2018», a déclaré Dr Moeti.
Et de poursuivre : «au cours de cette période, bien que la production de feuilles de tabac a baissé de 13,9 % à l'échelle mondiale, elle a augmenté de 10,6 % en Afrique. Ces dernières années, la culture du tabac a progressé en Afrique en raison de l'existence d'un cadre réglementaire plus favorable aux activités de l'industrie du tabac et de l'augmentation de la demande de tabac».
Dans la recherche de solutions, l'OMS a recommandé que les gouvernements accompagnent les cultivateurs de tabac dans la transition vers des cultures de remplacement, en supprimant les subventions accordées à la culture du tabac et en consacrant les fonds ainsi épargnés à des programmes de substitution des cultures dont la finalité est d'améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition.
«De telles initiatives permettent aussi de lutter contre la désertification et la dégradation de l'environnement, de sensibiliser les communautés de cultivateurs de tabac aux avantages dont ils peuvent bénéficier en renonçant au tabac pour se tourner vers des cultures durables, et de dénoncer les manoeuvres entreprises par les producteurs de tabac pour empêcher l'accès à des moyens de subsistances durables dans la région africaine», a-t-elle laissé entendre.
Et d'appeler les pays producteurs de tabac de la région africaine à accélérer la mise en oeuvre des articles 17 et 18 de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, tout en les exhortant à promulguer des lois, à élaborer et à mettre en oeuvre des politiques et des stratégies appropriées, à créer des conditions favorables à la reconversion des producteurs de tabac vers des cultures vivrières.