Les quatre leaders de l'opposition de Lubumbashi, Delly Sesanga, Augustin Matata, Moïse Katumbi et Martin Fayulu ont, mardi 30 mai, exprimé leur colère après l'interpellation à l'aéroport de Ndjili de Salomon Kalonda, membre du parti Ensemble pour la République et conseiller spécial de Katumbi. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on y voit des militaires en train d'embarquer le conseiller de Moïse Katumbi dans une jeep de couleur blanche pour une destination inconnue.
Salomon Kalonda, un bras droit de Moïse Katumbi, représente Ensemble pour la République dans le Grand Kivu. Il s'apprêtait à se rendre à Lubumbashi avec Katumbi quand il a été interpellé sur le tarmac de l'aéroport de N'djili par des gardes républicaines. Les raisons de cette arrestation ne sont pas encore connues.
Il sied de rappeler qu'en octobre 2019, Salomon Idi Kalonda avait reçu son passeport après plusieurs mois de négociations avec les autorités congolaises. Il n'avait pas fait le déplacement aux côtés de Moïse Katumbi qui était rentré de Bruxelles, le 20 mai 2019 dernier à bord d'un jet privé en compagnie de Olivier Kamitatu et Francis Kalombo.
Moïse Katumbi, apparemment ébahi, s'est déchainé dans un tweet posté quelques heures après cet incident, en dénonçant l'arrestation de son conseiller spécial Salomon Kalonda. Il fustige la méthode qui a caractérisé cette arrestation et assure ne pas connaître là où son bras droit a été acheminé.
Et d'écrire : «L'arrestation arbitraire et illégale de mon conseiller spécial Salomon Kalonda à l'aéroport de N'djili est un enlèvement crapuleux. Aucune base juridique. Fin de l'Etat de droit», avant de s'interroger: «Que lui reproche-t-on ? Où a-t-il été emmené ?»
«Les autorités doivent s'expliquer et le libérer», a-t-il conclu.
Pour Martin Fayulu Madidi, cette interpellation rime avec une certaine dictature qui s'installe en RDC. Et Delly Sesanga d'enfoncer le clou, il accuse le gouvernement de vouloir réduire au silence des acteurs politiques par des enlèvements et arrestations arbitraires.
"L'enlèvement des acteurs politiques pour les réduire au silence est une pratique condamnable propre aux dictatures", a-t-il écrit avant de poursuivre: "Après l'enlèvement de mon collaborateur Lens Omeonga, détenu depuis plus de 30 jours à l'ANR, je déplore celui de Salomon Kalonda aujourd'hui à l'aéro de Ndjili". Tandis qu'Augustin Matata Ponyo a, de son côté, souligné que la démocratie est morte en République Démocratique du Congo.
Moni Della parle d'affaiblir Katumbi
Le président des Conservateurs de la nature et démocrates (Conade), Moni Della a réagi en ces termes : «C'est un enlèvement. Pour moi, l'objectif est d'affaiblir Moïse Katumbi qui a le vent en poupe et est capable de gagner les prochaines élections».
Il accuse le régime d'utiliser la méthode de la Gestapo, la police politique de l'Allemagne nazie (1933-1945) chargée d'éliminer toute opposition au régime avant de révéler : «On avait les informations de ces manoeuvres depuis longtemps. A Kindu, dans le Maniema, lors de l'enrôlement, le gouverneur avait armé des gens pour tuer Salomon».