Madagascar: Rassemblement politique à Analakely - Doris Rakoto Samuel refoulée, Nambinina Raherimampianina arrêté

Les cinq premiers mois de l'année 2023 se sont clôturés dans une ambiance politique tendue, exacerbée par les altercations qui se sont produites à Analakely, hier.

La situation politique se gâte. L'atmosphère est montée d'un cran, hier dans la capitale, malgré le temps un peu morose. Aux environs de 9 heures, des éléments des forces de l'ordre avaient déjà quadrillé le parvis d'Analakely et les alentours du jardin botanique d'Ambohijatovo. Ils ont montré une certaine détermination à empêcher toute tentative de rassemblement politique.

En effet, comme elle l'a déjà annoncé ce lundi 29 mai, Doris Rakoto Samuel, femme de Mahery Lanto Manandafy, a mis à exécution son projet. Vers 10 heures, elle a donné rendez-vous à une foule acquise à sa cause, du côté du Lycée Jean Joseph Rabearivelo afin de faire une marche jusqu'à la place du 13 mai où une manifestation était prévue. Une fois que le groupe est arrivé sur place, les échauffourées avec les éléments des forces de l'ordre n'ont pas tardé. Après environ 45 minutes de bras de fer, Doris Rakoto Samuel a été refoulée en dehors de la place du 13 mai alors que Nambinina Raherimampianina, leader du mouvement Gasy Leo, a été arrêté par des éléments des forces de l'ordre.

Courage

« Etat des routes : comme un plat de spaghetti renversé, problèmes socio-économiques sans solution, il y a de quoi se révolter », a laissé entendre Doris qui déplore la pauvreté grandissante dans laquelle le pays se trouve depuis l'arrivée d'Andry Rajoelina au pouvoir. « J'appelle à l'ouverture de la place du 13 mai afin que les Malgaches puissent s'exprimer librement », a-t-elle poursuivi. Et d'ajouter : « Madagascar est un Etat démocratique ». En tout cas, les intentions de Doris étaient claires. En dehors des accrochages qui ont marqué la journée d'hier, le courage dont elle a fait preuve a été loué par la foule squelettique investissant les alentours de la place du 13 mai. Une manifestation comme les Tananariviens ont l'habitude de voir depuis le début de ce régime Rajoelina.

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Non-autorisé

« Après mûres réflexions, Mahery Lanto Manandafy, mon mari, et moi avons décidé d'avancer. J'appelle donc ceux d'entre vous qui estiment que la destruction du pays, par Rajoelina et Ntsay, n'est plus acceptable, à se lever », a posté Doris Rakoto Samuel sur les réseaux sociaux, ce lundi. Un appel à manifestation qui a tout de suite mis les forces de l'ordre aux aguets. Le lieutenant-colonel Tojo Raoilijon, commandant de groupement de la Gendarmerie Analamanga, a d'ailleurs indiqué que « Madagascar est un Etat de droit. Il faut respecter les lois et nous sommes là pour cela. De plus, cette manifestation n'a pas eu d'autorisation ».

Même si la femme de Malama a appelé les forces de l'ordre à la conscience, elle a reconnu qu'il s'agit d'un rassemblement non-autorisé. D'autant plus que depuis le 31 mars dernier, avec la déclaration de Justin Tokely, ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation, il est strictement interdit de faire des réunions publiques en plein air, ou encore sur les voies publiques. Elles doivent avoir lieu en salle.

Peu importe, à moins de six mois du premier tour de la présidentielle, le pays s'enfonce dans un climat politique malsain. S'agit-il d'une manoeuvre politique savamment orchestrée afin de retarder l'échéance électorale ou tout simplement d'agissement d'un citoyen las de la situation qui prévaut dans le pays ? Les questions commencent à se poser. En tout cas, comme il n'y a pas de hasard en politique, les événements de ces deux derniers jours, celui d'Analavory et d'Analakely, risquent de laisser des traces sur le processus électoral fragile qui est déjà enclenché.

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