Pour la première fois en Suisse, un accusé a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité ce jeudi 1er juin 2023. Alieu Kosiah était officier dans le groupe rebelle Ulimo durant la première guerre civile du Liberia, entre 1989 et 1996. Il combattait les troupes de l'ancien président Charles Taylor et était accusé d'avoir ordonné ou commis 19 meurtres, de multiples viols, et même pour avoir mangé le coeur d'un homme.
Pour les organisations qui ont lancé la procédure contre Alieu Kosiah, la cour a rendu un verdict inédit, envoyant ainsi un message fort à travers le monde. Les faits de crimes de guerre et les 20 ans de prison décidés en première instance il y a deux ans ont été confirmées. Mais durant la procédure d'appel, la justice avait ajouté crimes contre l'humanité à l'accusation. Crime entré dans le Code pénal suisse en 2011 seulement. Le fait qu'il soit reconnu pour la première fois et pour des faits vieux de plusieurs décennies rend ce procès historique.
Appel à poursuivre les criminels aussi au Liberia
Pour Alain Werner, directeur de Civitas Maxima, qui défendait 4 des 7 plaignants, « la justice suisse prouve qu'il est possible de poursuivre des crimes internationaux en Suisse, même pour des actes commis à 7 000 km ». Pour lui, ce verdict crée un précédent qui encouragera les victimes à témoigner et augmentera la pression sur les criminels encore en liberté.
Étant donné l'ancienneté des faits et l'absence de preuves matérielles, l'accusation s'est basée sur les témoignages de victimes. Alieu Kosiah a lui toujours nié. Depuis Monrovia, Hassan Bility, de l'ONG GJRP, dit que le gouvernement libérien doit maintenant agir et « mettre fin à l'impunité » avant qu'il ne soit trop tard. En effet, aucun ancien criminel libérien n'a été jugé dans le pays depuis la fin de la guerre.