Ile Maurice: Congrès politique - Des «mesures budgétaires» fuitées

Mercredi soir, le Parti travailliste (PTr) a animé un congrès à Plaine-Verte. L'occasion pour les animateurs de mettre en garde la population contre un budget «labous dou». Ehsan Juman a fait comprendre qu'il détient déjà une copie du discours du Budget, alors que Shakeel Mohamed a levé le voile sur une promesse électorale de son parti. Il propose un salaire vital à la place du salaire minimum.

Le député Ehsan Juman, également directeur d'un journal, a voulu couper l'herbe sous les pieds du ministre des Finances. Il a brandi un document ayant pour titre «Discours du Budget 2023-2024, Oser & Protéger». Il a fait comprendre à l'assistance que c'est la copie du document officiel que Renganaden Padayachy lira cet après-midi. Le député du PTr n'a pas voulu en dire plus à l'express. «The government is in office, but not in power», a-t-il simplement répondu à notre sollicitation.

Toutefois, il dit à l'assistance que le gouvernement annoncera le recrutement de 1 000 policiers supplémentaires et que 700 autres auront une promotion. «Nous n'avons pas besoin d'un millier de policiers, mais d'une police sérieuse qui donne confiance à la population», a-t-il déclaré. Ehsan Juman a parlé de l'installation de sonomètres à Flic-en-Flac et à Vacoas et déclaré que le gouvernement augmentera l'allocation accordée aux organisations religieuses.

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D'autres sources de l'entourage d'Eshan Juman nous ont déclaré que le gouvernement devrait annoncer l'augmentation de la pension de Rs 1 000 et un meilleur débit internet. La baisse du prix des carburants par au moins Rs 5, disent-elles, serait une autre mesure du Budget. Shakeel Mohamed a ironisé lors de ce congrès, disant que le gouvernement changera le titre de son discours du Budget et enlèvera les mesures annoncées par Ehsan Juman.

Un salaire plus juste

Deux principales nouvelles à retenir de l'intervention de Shakeel Mohamed. Dans un précédent entretien à l'express, il avait fait comprendre qu'il comptait prochainement mettre fin à sa carrière politique. Le député de Port-Louis est revenu sur sa décision après s'être entretenu avec son père, Yousuf Mohamed, peu avant son décès. «Never forget your country, m'a-t-il dit. J'ai compris qu'il me disait de continuer jusqu'à ce que le pays soit débarrassé de ces bandits», a-t-il dit.

Shakeel Mohamed a déclaré que les membres du MSM bombent le torse en parlant de l'introduction du salaire minimum. «C'est le PTr qui a enclenché les procédures pour le salaire minimum. D'ailleurs, Soodesh Callichurn en a parlé au Parlement. Nous voulions quelque chose de plus juste. Nous voulions implémenter le salaire vital», a déclaré l'ancien ministre du Travail. Il a promis qu'un gouvernement du PTr introduira un salaire vital comme c'est le cas en Angleterre. «C'est injuste qu'un père de famille, sans enfant et qui vient de se marier, touche le même salaire minimum qu'un père de famille avec quatre ou cinq enfants.»

Renvoi des municipales et listes «manipulées»

Fabrice David, un des intervenants de la réunion, a, lui, encore une fois dénoncé le renvoi des élections municipales. «Le Premier ministre a déclaré que les élections coûteront cher. Son projet de métro a coûté Rs 25 milliards. Il a dépensé Rs 19 milliards pour les caméras Safe City qui n'ont pas d'images pour élucider un meurtre, mais il n'a pas d'argent pour la démocratie régionale. Après un Premier ministre linpost, nous avons des maires linpost.»

Mises en garde

Plusieurs autres orateurs ont mis en garde la population face à un Budget «labous dou». Farhad Aumeer a fait remarquer que la population utilise peu de caddies pour leurs achats en supermarché, mais qu'ils prennent des paniers à cause de la cherté de la vie. Le secrétaire général du PTr, Ritish Ramful, a expliqué la motivation à l'origine de l'unification de l'opposition.

«Le gouvernement a tellement divisé le pays.Pravind Jugnauth se dit prêt à accorder sa bénédiction à cette alliance, mais quand il faut accorder des élections municipales, il prend la fuite», a-t-il déclaré. Pour sa part, Osman Mahomed a invité le public à prendre garde à l'annonce du gouvernement de logements sociaux. «Il y a un festival de contrats en ce moment. Ces maisons seront tellement chères que les personnes au bas de l'échelle ne pourront pas les acheter», a-t-il prévenu.

Ces annonces qui ne sont restées qu'au stade de promesses

Il est de coutume que toutes les mesures annoncées au cours de la présentation d'un Budget ne soient pas mises en oeuvre. Il y a toujours des prétextes pour justifier la non-concrétisation de ces projets ou encore qu'il n'en sont qu'au début et qu'ils seront complétés dans les années à venir.

Certes, il y a eu des projets qui ont été réalisés au cours de la dernière année financière, mais il y en a beaucoup qui sont restés au stade de promesse. On ne sera pas surpris que ces projets soient à nouveau annoncés cet après-midi. La construction du réservoir de Rivière-des-Anguilles est un exemple qu'on cite depuis une dizaine d'années.

Dans le secteur des infrastructures, Renganaden Padayachy avait fait une longue liste des travaux qui devaient être réalisés, notamment la construction de routes, de drains ou encore la distribution d'eau dans plusieurs régions du pays. Pourtant, dans de nombreux cas, il n'y a même pas eu le premier coup de pioche.

Dans le domaine agricole, deux mesures phares avaient été annoncées: la mise sur pied d'un parc agroalimentaire à Henrietta et un pôle de transformation de fruits à Solitude. Au niveau de l'élevage, il était question de la création de cinq zones à Henrietta, Salazie, Mare-d'Albert , Petit-Merlot et à l'ex-Tea Belt. Au niveau de la sécurité des pêcheurs et la surveillance de notre zone économique exclusive, le gouvernement devait acquérir deux patrouilleurs rapides. Aucun de ces projets n'a été concrétisé.

Une série d'annonces avait été faite sur les des énergies renouvelables. Une des plus populaires était d'installer 5 000 kits solaires photovoltaïques d'une capacité de 9 MW sur les toits de maisons, de bâtiments d'organismes religieux, d'organisations non-gouvernementales et d'institutions caritatives. On se demande combien d'entre eux ont été placés. Une somme de Rs 1 milliard devait être déboursée pour un programme de nettoyage, d'embellissement et de réhabilitation des plages. Ceux qui se rendent souvent à la plage peuvent dire si ces projets sont visibles ou pas. Il en est de même pour 120 sites publics.

La région de Côte-d'Or avait été citée plus d'une fois lors du discours du Budget, l'année dernière. Un centre d'hébergement pour étudiants, un nouvel hôpital AYUSH ou encore la construction de la Mauritius Disciplined Forces Academy. Ces projets ne sont pas visibles à Côte-d'Or et gageons qu'on entendra ce nom cet après-midi.

Tout comme dans le domaine des infrastructures publiques, il y avait une série d'annonces au niveau du développement communautaire. Notamment la construction de futsals, d'incinérateurs, de complexes polyvalents, de projets sportifs intégrés, de gymnases, de marchés et d'espaces verts. Si même dix de ces projets ont été réalisés, alors on peut les qualifier d'exploits. Une somme de Rs 15 millions était prévue pour la mise en oeuvre de passeports électroniques et de portes électroniques pour la sécurité des frontières. Aucun indice sur de tels projets.

Aucun commentaire sur la fuite

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui était absent de son bureau au moment où il devait recevoir la presse hier, apportera des modifications jusqu'à la dernière minute. Selon son service de presse, le ministre avait un imprévu. Du coup, pas de photo à la veille du budget ni même une entrevue avec la presse.

Néanmoins, les journalistes ont eu droit à un tour des divers bureaux avec les équipes qui sont derrière la préparation du budget: les économistes, les informaticiens et même les «attendants» étaient là pour épauler leurs collègues qui travaillent jusqu'aux petites heures du matin. L'Acting Deputy Permanent Secretary, Dharma Davasgaium, a expliqué le rôle des informaticiens, qui vont mettre en ligne le document à la fin du discours du budget.

Dans une autre salle avec une autre ambiance, les économistes et les financiers sont plongés dans les chiffres. À notre arrivée, l'écran est momentanément éteint pour ne pas laisser fuiter des informations. Rajesh Acharaz, Deputy Financial Secretary, souligne que son équipe se consulte jusqu'à la dernière minute.

Même si l'on ne veut pas commenter la «fuite», la priorité reste le Budget 2023-2024

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