Raphaël Jakoba, expert juridique international et spécialiste de l'environnement des affaires, analyse les facteurs qui bloquent l'arrivée des grands investisseurs.
Un constat sans appel. Madagascar n'arrive pas à attirer suffisamment de grands investisseurs pour soutenir sa croissance. C'est la déclaration de Raphaël Jakoba, juriste international. Selon ses explications, il faut près de 1,5 milliards de dollars d'investissement annuel pour que les effets de la croissance puissent être ressentis par la population. Pour Raphael Jakoba, l'épargne intérieure brute de la Grande île est pour le moment loin de pouvoir combler cet énorme besoin.
C'est pourquoi les autorités malgaches se doivent de favoriser l'attractivité du pays pour inciter les investisseurs directs étrangers à accompagner son développement. « Il y a malheureusement très peu de gros investissements sur Madagascar à l'instar d'Ambatovy qui représente environ 8 milliards USD d'investissement », regrette ce juriste international.
D'après son analyse, le blocage dont fait l'objet le développement de certains grands projets contribue à ternir l'image du pays auprès des investisseurs potentiels. Il cite, entre autres, comme exemple le projet de construction d'une centrale hydroélectrique à Sahofika ou le projet d'exploitation d'ilménite de Ranobe Toliara. Pour le cas de Sahofika, le juriste explique que le projet n'est pas du tout suspendu. Le problème réside au niveau de l'EPC (Engineering Procurement Contract) et l es négociations continuent toujours.
Trouver une solution
« Ce qui n'est pas sans impact puisque l'investissement initialement prévu pour ce projet qui était environ 800 millions de dollars frôlant actuellement à peu près un milliard de dollars à cause de la crise ukrainienne causant des augmentations de prix », confie-t-il. Base Toliara pour sa part est l'un des exemples d'un projet d'investissement qui a été mis à mal par le politique, selon le juriste Raphaël Jakoba.
Il rappelle que c'est un projet d'environ 700 millions de dollars ; qui pourrait être un deuxième bénéficiaire de la Loi sur les grands investissements miniers à Madagascar (LGIM) après Ambatovy. Or, le Gouvernement malgache a décidé de suspendre le projet en 2019 sans explications très approfondies, avec une communication assez sommaire. « On a pu comprendre que ça ne répond pas au contenu local, que ça ne prend pas en compte les désidératas de la population.
Qu'on le dise, qu'on corrige et qu'on avance », s'est-il exprimé. En tant que praticien et dirigeant d'un cabinet international, Raphaël Jakoba estime que ce projet minier est une opportunité qu'il faut approfondir pour la région du sud de Madagascar. Il exhorte l'État à trouver une solution. « De prime abord, c'est à l'État en effet de gérer ce type d'investissement. S'il y a vraiment des problèmes de contenu local, ne faut-il pas les régler ? Pourquoi attendre alors que la population a besoin de travail, des effets induits des investissements.
Le Conseiller juridique international, Raphaël Jakoba figure parmi les experts ayant participé à l'élaboration de plusieurs lois sur les investissements dans la Grande île dont, entre autres, le code des changes et la loi sur les Zones économiques spéciales. Il est également impliqué dans le nouveau projet de loi sur le code du tourisme.