Dakar — La condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse" peut être exécutée à "tout moment", a déclaré le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall.
"Même s'il n'y a pas de délivrance de mandat d'arrêt, il faut dire qu'on est en matière de contumace, ce qui veut dire que l'accusé ne s'est pas présenté. Et lorsque quelqu'un est condamné par contumace, la mesure peut évidemment être exécutée à tout moment", a dit M. Fall à la presse étrangère au Sénégal.
M. Sonko, maire de Ziguinchor (sud), a été condamné jeudi par la chambre criminelle du tribunal de Dakar à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse".
Il ne s'est pas présenté devant cette juridiction qui le jugeait pour viol et menaces de mort sur la personne d'Adji Sarr, une ex-masseuse, employée d'un salon de beauté à Dakar.
M. Sonko peut faire appel de la décision de la chambre criminelle dans un délai de quinze jours, si le procureur le fait arrêter ou s'il se constitue prisonnier, a expliqué à la presse l'avocat Ousmane Thiam, secrétaire général de l'Ordre des avocats du Sénégal, à la fin du procès.
De violentes manifestations consécutives à sa condamnation ont causé la mort de neuf personnes à Dakar et à Ziguinchor, une ville dont il est le maire, a déclaré le ministre de l'Intérieur, Antoine Diome.
"Nous avons constaté des violences ayant entraîné des destructions sur des biens publics et privés. Ces violences ont malheureusement causé neuf décès à Dakar et à Ziguinchor", a annoncé M. Diome lors d'un point de presse, dans la nuit de jeudi à vendredi.
En raison de ces violentes manifestations, "l'Etat du Sénégal, en toute souveraineté, a décidé de suspendre temporairement l'usage de certaines applications digitales par lesquelles se font les appels à la violence et à la haine", a ajouté M. Diome.