À l'occasion de la fête des mères, quelques mamans se sont exprimées. Elles ont des fortunes diverses dans l'éducation de leurs enfants. Elles ont un point commun, le courage.
Dr Elsa Andriamalantoarivelo, « Rien n'est plus beau que d'être une maman »
Pendant la célébration de la sortie de promotion des nouveaux docteurs en pharmacie, à l'hôtel Carlton à Anosy, hier, le Dr Elsa Andriamalantoarivelo, parmi les récipiendaires, s'est éclipsée avant la fin de la cérémonie. Elle a couru vers sa fille âgée de dix mois, qui commençait à la réclamer, dans l'autre pièce de la salle de réception. Une fois dans les bras de sa mère qui la caresse et l'allaite, le bébé se calme. Cette jeune mère de 29 ans a décidé l'allaitement exclusif pour son enfant. Du coup, ce petit duo mère-fille ne se sépare jamais.
Ce bébé accompagne sa mère, en son lieu de travail, à Ankazobe, depuis ces deux mois. « Elle fait près de 90 kilomètres avec moi, en taxi-brousse, le lundi pour l'aller et le vendredi, pour le retour », admet-elle. Elle est, également, présente, pendant ses tours de garde, qui s'étale de 24 heures. « Comme je l'allaite, on ne peut pas être éloignée l'une de l'autre. Ce n'est pas facile, car il arrive qu'elle pleure, au moment où des patients se pointent », enchaine-t-elle. Pour le Dr Elsa Andriamalantoarivelo, s'occuper d'un enfant est un travail difficile. Plus difficile que son métier de pharmacienne. « Mon travail, je peux le gérer, je peux le planifier. Mais un enfant, non. Je ne peux pas le programmer à pleurer ou à ne pas pleurer. Je dois suivre son rythme. Je peux me réveiller toutes les heures, la nuit, pour s'occuper de lui.
Le pire moment, c'est lorsque l'enfant tombe malade », renchérit-t-elle. Malgré toutes ces difficultés, elle se plait dans son rôle de maman. « Rien n'est plus beau que d'être une maman. Même si on sort épuisée d'une longue journée de travail, on ne peut ne pas sourire, lorsque nous voyons notre enfant. Si on fait face à des problèmes, l'enfant est celui qui nous motive à avancer », lance cette femme qui chérit tant son enfant. Elle encourage les femmes qui travaillent et s'occupent de leur enfant, en même temps, à ne pas baisser les bras. « Nous pouvons le faire ! ».
Robine Rasoamiarinarivo ,« Je fais du sacrifice pour que mes enfants réussissent leur vie »
Il était 14 heures, hier. Robine Rasoamiarinarivo, une vendeuse de fruit à Mahazo, baille. Elle se sent fatiguée. Sa journée a commencé très tôt. Son réveil a sonné à 3 heures 50 du matin. Elle et son mari ont quitté leur maison, vers 4 heures 30, pour récupérer des marchandises, des dizaines de kilos de bananes, dans un dépôt à Ankadindramamy. Leurs missions s'enchaînent avec l'exposition des marchandises sur son étal. Tout est fin prêt vers 5 heures du matin, pour accueillir ses premiers clients. Sa journée ne s'est terminée que tard, vers 18 heures 30, une fois la grande majorité de ses marchandises, épuisées. C'est le quotidien de cette mère de trois enfants, du lundi au samedi. « Ce n'est pas évident de sortir très tôt, tous les jours, surtout, en cette période d'hiver. J'aimerais bien rester au chaud, au lit, le matin.
Mais je ne peux pas me le permettre. Je fais ce sacrifice, pour que mes enfants réussissent leur vie », indique-t-elle. Ses enfants sont sa fierté. « Ils arrivent à se débrouiller seuls. Mon aîné arrive à gérer la maison. Le soir, lorsque nous rentrons du boulot, moi et mon mari, les repas sont déjà prêts », indique Robine Rasoamiarinarivo. Elle a décidé de travailler, en même temps que son mari, pour arrondir leurs fins du mois. Avec ce qu'elle gagne, ils arrivent à scolariser leurs trois enfants, dans une école privée. Le premier, âgé de 15 ans, est en classe de seconde. Et le dernier, âgé de 9 ans, en classe de 6ème. « C'est important, pour moi, qu'ils fassent leurs études dans une école privée. Je trouve qu'ils sont plus performants là-bas, par rapport à leurs résultats, lorsqu'ils étaient, encore, scolarisés dans une école publique. Ma plus grande ambition, c'est qu'ils réussissent leurs études », enchaîne-t-elle.
Marie Michelle Sahondrarimalala, « Il n'existe pas de mauvaise mère et de bonne mère »
- Vous êtes la maman de combien d'enfants ?
Je suis l'heureuse maman de trois enfants. Nous avons le sens de la famille élargie. Étant durant toute mon enfance au nombre de trente à la maison. Je me retrouve avec une ribambelle de petits loups.
- Quel est votre plus beau souvenir de maman ?
Il y en a beaucoup. J'ai été marquée et éblouie par ce pouvoir divin de donner la vie. La naissance de mon premier enfant m'a appris le vrai sens de la responsabilité. Je chéris les moments où j'ai pu les voir grandir, leur esprit, leur corps et leur âme au quotidien, mais surtout de voir dans leurs yeux l'amour, l'innocence et la joie qu'ils me renvoient.
- Quel genre de mère êtes-vous ?
J'ai reçu une éducation très stricte. Je l'ai transmise à mes enfants. La discipline et la rigueur précèdent la liberté. Il est important que l'enfant comprenne l'importance du respect de l'ordre, à commencer au sein de la famille. L'école est au centre de l'éducation des enfants. Le plus important est de transmettre des valeurs spirituelles au sens large et, particulièrement, religieuses. À l'instar de nos parents, nous arrivons à envoyer des messages par l'expression d'un seul regard. Oui, je suis « masiaka ». Mais j'adore mes enfants.
- Malgré vos fonctions, trouvez-vous du temps pour vos enfants?
C'est un exercice très difficile de jongler vie professionnelle et vie familiale. Mais dès que c'est possible, on fait le maximum pour se retrouver ensemble.
- Selon vous, être une bonne mère veut dire quoi ?
Pour moi, il n'existe pas de mauvaise mère et de bonne mère. L'Amour et le sens du devoir sont importants pour réussir son rôle de mère si on peut le dire comme tel. Je voudrais que nous soyons tolérants, compatissants envers les mères. On ne naît pas mère, on le devient. Chaque mère est exceptionnelle. Chaque mère doit trouver sa propre identité et avoir confiance en elle. Nous sommes les mieux placées pour connaître nos enfants et pour savoir ce qui est bien pour eux. Tel est la monnaie de la responsabilité.
- Quels doivent-être les rôles d'une mère dans l'éducation de ses enfants?
Sous quelque forme que ce soit, un enfant a besoin d'une mère et d'un père. L'équilibre de l'enfant en dépend. Le père et la mère sont complémentaires. On dit souvent que la mère donne la tendresse et le père la sécurité et la force. Persévérance, endurance, ténacité, résilience, compréhension. Telles sont les valeurs qui définissent la mère. Elle est le pilier de la famille et celle de la Nation.
Anny Andriatsihiva, « J'ai tout abandonné pour s'occuper de mon enfant malade »
La vie a basculé pour Anny Andriatsihiva, une mère de famille, en 2019, lorsque son fils, alors âgé de 3 ans et demi, tombe malade. Il a été diagnostiqué avec la méningite. Une maladie qui a rendu ce petit garçon, qui a été tout souriant, plein de vie, et qui s'apprêtait à entrer à l'école, amorphe, du jour au lendemain. Il ne parle pas. Il n'arrive pas à lever la tête. Cette mère, gargotière à l'époque, décide de tout plaquer, pour s'occuper de lui. « Je lui consacre ma vie entière. Une fois, je suis partie faire une course à Andravoahangy, et je l'ai laissé à la maison.
Mais je ne me suis pas sentie à l'aise d'avoir été loin de lui. Depuis, je ne le quitte plus, du matin au soir », nous livre cette mère. Elle s'occupe de lui, elle lui donne à manger, elle lui change les couches, elle lui fait des massages, elle lui parle. Le plus dur pour cette mère de famille, c'est de voir son enfant, souffrir, ne pas jouer comme tous les enfants de son âge, ne pas aller à l'école, ne pas parler. Son rêve, c'est que son fils guérit. Qu'il joue, qu'il arrive à parler, qu'il puisse aller à l'école. Que tout revienne comme avant. Elle en fait son combat quotidien et cherche tous les moyens pour le gagner avec son fils. « Nous, mères, devrons être fortes. Nous sommes le pilier de notre famille. ».