Tunis — Environ 3% des exploitants agricoles en Tunisie renoncent, chaque année, à leurs activités à cause du surendettement et du manque de soutien de la part de l'Etat, ce qui engendrera certainement le vieillissement d'un secteur stratégique, a déclaré à l'agence TAP, Anis Kharbech, membre du Conseil central de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP).
Il a souligné que 85% des personnes actives dans les diverses activités agricoles et de la pêche sont de petits exploitants qui vivent une situation "très difficile" en raison de leur marginalisation par l'Etat en dépit de leur rôle important dans l'économie nationale.
Kharbech, qui a qualifié cette catégorie d'exploitants de "fonds d'appui à l'Etat" a ajouté que la majorité des agriculteurs qui exploitent des superficies ne dépassant pas 5 hectares continuent d'exercer dans des conditions difficiles et trouvent du mal à s'approvisionner en intrants et en matériels agricoles.
"Il faut apporter le soutien nécessaire à cette catégorie d'exploitants pour qu'elle continue de travailler dans des conditions décentes et appuyer l'économie", a recommandé le responsable.
D'après lui, l'appui apporté par l'Etat n'est pas orienté directement à l'agriculteur et au dispositif de production, mais plutôt à d'autres maillons de la chaine. Il est destiné plus aux petites entreprises et aux fournisseurs.
Cette situation difficile est aussi vécue par les marins-pêcheurs qui souffrent, eux, de la détérioration des infrastructures portuaires, du manque de services et de la hausse des prix des carburants qui se répercute sur le coût de production, a encore expliqué le responsable.
"Les mesures prises récemment par le ministère de l'Agriculture, sans associer les parties concernées, concernant la réduction de la subvention des carburants et des quantités pour chaque pêcheur ont réduit les jours de travail des pêcheurs à seulement 15 jours par mois. contre 15 jours de chômage technique", déplore Kharbech.
Il a aussi évoqué au nombre des problèmes auxquels font face les pêcheurs, la baisse des stocks de poissons en raison des changements climatiques, la pêche illégale qui mène à la destruction des richesses halieutiques et la hausse du coût d'équipement des embarcations par les installations GPS, estimé à 5000 dinars pour chaque pêcheur.
Le responsable de l'UTAP a appelé l'Etat à être à l'écoute des pêcheurs et à prendre connaissance de leurs préoccupations pour en trouver les solutions adéquates.