L'eau a manqué durant au moins cinq jours dans certains quartiers de Yopougon. Des installations de conduite d'eau étaient en panne...Mais les populations concernées n'ont pas soulevé la terre. Aucun bureau de la Sodeci n'a été inquiété comme par le passé, en pareille circonstance où l'on assistait à des actes de vandalisme.
Les populations assiégeaient les locaux de la société de distribution d'eau et autres institutions de la nation. Mais cette fois, calmement et dignement, les habitants de Yopougon touchés par ce manque d'eau avaient leurs bidons dans des tricycles ou brouettes et partaient à la recherche d'un point d'eau sans grogner. C'est à saluer. Preuve de civisme. Une des valeurs que le gouvernement promeut depuis quelques années.
Autrement dit, le respect des valeurs, des biens, des institutions et des symboles de la nation. Le retour de l'éducation civique dans l'enseignement primaire et secondaire s'inscrit dans cette optique de promotion du civisme. Tout comme le salut aux couleurs dans les administrations et dans des établissements scolaires relancé par le ministre Sidi Tiémoko Touré, alors ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l'Emploi des Jeunes et du Service Civique. Il s'agissait de ramener les Ivoiriens à la culture des valeurs morales et civiques et au respect des institutions.
De nombreux projets et programmes avaient été mis en oeuvre. On peut citer la relance, en 2017, du programme du mérite international de la jeunesse en Côte d'Ivoire qui permet aux jeunes de développer leurs compétences-clés, en complément de leur éducation scolaire et qui vise à accroître l'esprit civique et moral, le désir de servir la communauté ainsi que le goût pour les activités physiques et le sport.
Bien avant, en 2016, le gouvernement avait élaboré une stratégie nationale du service civique et un avant-projet de loi y afférent. Ce qui a permis de doter le gouvernement d'un mode opératoire annexé à un mode de financement pour la promotion du service civique en Côte d'Ivoire.
Une démarche qui s'imposait, au regard des nombreux actes d'incivisme dont faisaient preuve les populations avec, notamment, la destruction des biens publics, la mauvaise gestion des deniers publics, le non-respect du code de la route.
Le civisme, c'est aussi le respect de la hiérarchie dans les services, le respect de l'autorité, de la chose publique.
Le dictionnaire définit le civisme comme étant le respect, l'attachement et le dévouement du citoyen pour la collectivité dans laquelle il vit, le respect de ses conventions et de ses lois. Cet ensemble de règles écrites ou non écrites, de normes sociales vise la régulation de la vie en société et facilite la vie en groupe.
Le civisme, c'est aussi lorsque, par exemple, les chauffeurs de gbaka et de woro-woro (les taxis communaux) vont accepter de stationner aux arrêts qui leur sont dédiés, attendant chacun son tour de départ. Le civisme, c'est aussi lorsque les passagers attendront calmement, dans des rangs à ces arrêts dédiés.
Le civisme, c'est aussi quand l'apprenti-gbaka va accepter de rendre la monnaie à chaque passager et non la monnaie groupée, abandonnant souvent les passagers à la descente du véhicule. Quitte à eux (passagers) de se battre pour que chacun récupère sa monnaie.
En somme, le retour au service civique devrait contribuer à faire de l'Ivoirien un citoyen responsable et respectueux des valeurs de la vie en communauté, à l'avènement de l'Ivoirien nouveau, gardien des valeurs morales et acteur du développement.