Afrique: «Je l'aimais tellement» - Au Sénégal, avec une famille endeuillée après les manifestations

Au Sénégal, le dernier bilan fait état d'une quinzaine de morts depuis le début des manifestations à la suite de la condamnation d'Ousmane Sonko jeudi. L'ONG Amnesty International s'inquiète d'un usage disproportionné de la force. Certains témoins disent avoir vu des policiers tirer à balles réelles sur les manifestants.

Les visiteurs se succèdent pour présenter leurs condoléances. La famille Sène a perdu le plus jeune de la fratrie. Touché par une balle jeudi soir lors de violentes manifestations, Sérigne Fallou Sène est emmené à l'hôpital en charrette. Son frère Mame Cheikh Ibra s'est rendu sur place pour l'identifier : « Il a pris une balle. La plaie était profonde de 11 ou de 12 cm au niveau du poumon gauche. Donc, il est mort sur le coup. Comme c'est un enfant, il voit que tous les enfants sont en train de marcher, il pense que c'est un jeu. Donc, il était accompagné par ses amis pour aller voir la foule ».

La mère de Mame et Sérigne est effondrée. Elle avait demandé au garçon de ne pas sortir, elle craignait les débordements : « Il avait 15 ans, il est né en 2007. C'était un garçon inoffensif. Il avait un grand coeur, il ne voulait de mal à personne. De toute sa vie, je ne l'ai jamais vu en train de se bagarrer. Je l'aimais tellement, je croyais en lui, il avait plein de qualités ».

Désormais, la famille de Serigne Falou veut comprendre ce qu'il s'est passé. « On est en train de regarder au niveau des caméras et des personnes qui filmaient, d'où vient la balle. On attend le temps de faire l'autopsie pour savoir d'où vient le matricule et le numéro de la balle qu'il a prise », explique Mame Cheikh Ibra Sène. L'autopsie est prévue pour le début de semaine prochaine.

%

« Je donne mon sang, ça sauve des vies »

Le nombre de blessés n'a pas été communiqué pour l'heure, mais pour répondre aux besoins des hôpitaux, les jeunes se sont mobilisés en masse pour donner leur sang à Dakar. La salle d'attente est pleine au Centre national de transfusion sanguine (CNTS). Papier d'inscription en main, Oumou Diallo patiente depuis de longues heures : « Je donne mon sang, ça sauve des vies, c'est ma manière d'aider. De l'autre côté, on m'a dit qu'il y a plus de poches, donc j'espère pouvoir donner mon sang ici. »

Seydina Ababacar Ngom est membre d'une des associations qui a initié cette journée de don du sang : « Aujourd'hui, on a notre liste d'inscriptions montée à 500 personnes, on continue d'en recevoir. »

Pour certains, c'est la première fois, pour d'autres comme le Dr Babacar Fall, une habitude : « On voit que les services d'urgence sont débordés. Actuellement, il y a une rupture du stock de sang ». Bachir, lui, a relayé l'appel sur les réseaux sociaux, dont l'accès a pourtant été restreint. « Moi, je n'ai pas compris le ministre. Comment tu peux couper l'internet et parler ensuite en direct sur internet », s'interroge-t-il.

Les dons de sangs au CNTS reprendront lundi. « On a beaucoup de pertes de vies humaines. Tous les jeunes devraient venir ici pour donner leur sang, nous avons besoin de toute la jeunesse sénéglaise pour ce combat patriotique », conclut un homme.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.