Le Burkina Faso est la crise humanitaire la plus négligée au monde, selon le classement annuel du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), publié samedi 3 juin.
Pour établir ce classement, le Conseil norvégien pour les réfugiés s'appuie sur trois critères : le manque de financement humanitaire, le manque d'attention des médias et le manque d'initiatives politiques et diplomatiques internationales. Durant ces sept dernières années, c'est la RDC qui occupait la première place mais la dégradation, très rapide, de la situation sécuritaire et humanitaire au Burkina, l'a propulsé à la première place.
Joint par RFI, Tom Peyre-Costa, conseiller régional Afrique centrale et de l'Ouest du Conseil norvégien pour les réfugiés, précise :« Tous les voyants sont passés au rouge. En 2022, on a eu quasiment un Burkinabè sur quatre qui avait besoin d'aide humanitaire, c'est-à-dire 40% de plus que par rapport à l'année précédente. On a deux fois plus de morts dues au conflit qu'en 2021. On en est à 15 000 aujourd'hui et rien qu'en 2022, il y en a eu près de 7 000. Malgré cette situation, on a toujours des financements humanitaires qui ne viennent pas. En 2022, la crise au Burkina a été financée à peine à 42%. On assiste vraiment à un secteur humanitaire à deux vitesses. On a, d'un côté, les crises comme l'Ukraine qui sont très largement financées par les gouvernements, et d'autres crises, comme le Burkina, le Congo qui ne le sont pas. Cela s'explique malheureusement par une proximité. Aujourd'hui, on finance l'Ukraine parce que beaucoup de réfugiés ukrainiens se présentent aux portes de l'Europe. Il y a aussi une lassitude parce que la plupart de ces crises négligées sont des crises qui durent. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'elles durent parce qu'elles sont négligées aussi. »