La situation est toujours tendue au Sénégal au lendemain de la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko. Des forces armées ont été déployées à Dakar.
La condamnation jeudi (01.06) à deux ans de prison ferme de l'opposant Ousmane Sonko pour "corruption de la jeunesse" a déclenché des violences qui ont fait au moins neuf morts.
Au terme d'une journée mouvementée jeudi (01.06), les autorités sénégalaises, tout en appelant au calme, semblent décidées à empêcher les troubles de s'étendre.
Des militaires ont été déployés dans la capitale Dakar, théâtre de violents affrontements entre les partisans de l'opposant Ousmane Sonko et les forces de l'ordre.
Jeudi (01.06), le gouvernement a restreint l'accès aux réseaux sociaux pour faire cesser, selon lui, "la diffusion de messages haineux et subversifs". Ce vendredi, une bonne partie des commerces étaient fermés.
Appel pour l'arrêt des violences policières
L'organisation de défense des droits humain, Amnesty International, a lancé un appel aux autorités pour que cessent les violences policières et qu'une enquête soit ouverte sur les circonstances des décès.
"C'est une demande de principe même si depuis l'arrivée de Macky Sall au pouvoir, jamais une enquête judiciaire n'a été ouverte pour poursuivre les membres des forces de sécurité qui commettent de graves violations des droits de l'Homme lors des opérations de maintien de la paix. Nous utiliserons tous les recours pour que le régime rende compte des actes de violation des droits humains qui lui sont imputés", explique Seydi Gassama le directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal.
Face aux tensions et aux manifestations, les autorités assurent que l'Etat ne pliera pas.
Un dialogue inopportun
Le président Macky Sall a promis, mercredi (31.05), la fermeté de l'Etat lors de l'ouverture d'un dialogue national pour atténuer les tensions dans le pays en associant le camp présidentiel, une partie de l'opposition, des représentants des milieux économiques, de la société civile ou des cultes.Un dialogue boycotté par une partie de l'opposition.
Doudou Sidibé, politologue et responsable du parti politique Rassemblement populaire pour le développement, RPD/Defko, estime inopportun le moment choisi pour le dialogue. Il craint en effet une recrudescence des violences.
"Si toutefois l'inéligibilité d'Ousmane Sonko est confirmée, d'après le verdict il va aller en prison pour deux ans et il va tomber sous le coup de l'article L29 du code électoral. Cela ne va faire qu'attiser les tensions et je pense que ça va s'aggraver dans les prochains jours", craint Doudou Sidibé.
L'article L29 institut la déchéance électorale automatique et indifférenciée découlant d'une condamnation pénale.
Si un calme précaire a régné ce vendredi, les partisans de l'opposant Ousmane Sonko ne décolèrent pas pour autant. Les Sénégalais retiennent leur souffle en attendant une éventuelle arrestation du leader du Pastef, condamné à deux ans de prison ferme dans une affaire de moeurs.