Les Chambres africaines extraordinaires, un tribunal spécial basé à Dakar, qui avait condamné Hissène Habré à la perpétuité, ainsi qu'une cour criminelle tchadienne avaient ordonné le versement d'une indemnisation de quelque 82 millions de francs CFA aux milliers de victimes identifiées et un fonds fiduciaire de l'Union africaine (UA) avait été mis en place.
Sept ans après la promesse d'indemnisation, toujours rien à l'horizon. Les victimes sont en colère et demandent des comptes, surtout que des centaines parmi eux sont morts entretemps dans le plus grand dénuement, alors que l'heure était à l'optimisme après le passage d'une mission de l'UA à Ndjamena en septembre dernier.
L'Union africaine n'a pas encore débloqué les cinq millions de dollars américains promis depuis des années, de même pour le gouvernement de transition du Tchad qui avait annoncé, il y a des mois, dix milliards de francs CFA (15 millions de dollars). Enfin, le Conseil d'administration du Fonds fiduciaire pour l'indemnisation des victimes de Hissène Habré ne s'est plus réuni depuis leur première rencontre à Ndjamena, fin septembre dernier.
Une source impute à Addis-Abeba « ce retard » à « la lourdeur administrative qui caractérise l'organisation africaine, même si ce n'est pas très facilement compréhensible pour les victimes ». Elle pointe également les mauvaises relations entre le pouvoir de transition et le président de la Commission, « qui sont de nature à compliquer un peu plus les choses » ainsi que le manque de fonds pour mettre en place un secrétariat exécutif.
Cette source assure également que cela pourrait changer d'ici peu, puisque le Conseil exécutif de l'UA a pris une décision qui entérine le déblocage des fonds promis, et l'organisation d'une conférence des donateurs avec le soutien du Sénégal et du Tchad. Mais elle a dû reconnaître qu'« il y a à ce stade aucun calendrier pour toutes ces activités ».