Droit dans ses bottes, le Président n'a pas sourcillé, n'a pas sourcillé pour expliquer aux habitants de Maroantsetra et Mananara Avaratra sa position sur le commerce de la vanille. Il accepte néanmoins la libéralisation voulue par les acteurs.
Incontournable. Impossible pour Andry Rajoelina, président de la République, de passer outre le dossier épineux de la vanille, lors de son escapade à Maroantsetra et Mananara Avaratra, samedi et dimanche. Bien que moins réputés, que ceux de la région Sava, les districts de Maroantsetra et Mananara Avaratra sont également de grands producteurs de vanille. Tout comme d'autres circonscriptions dans le Nord du pays. Les acteurs du secteur, y subissent aussi de plein fouet les conséquences de la zone de turbulence dans laquelle se trouve le commerce de la vanille.
Le déplacement présidentiel sur place a ainsi été une occasion pour expliquer de vive voix sa position sur la question et ce qui a amené à la décision de libéraliser le secteur. "Parfois, les citoyens ne comprennent pas les décisions prises. Je tiens à souligner, toutefois, que je suis un des premiers à défendre les intérêts des agriculteurs. La défense des planteurs est ma priorité", explique le locataire d'Iavoloha. Il reconnaît que le commerce de la vanille traverse des moments difficiles, "mais je fais partie de ceux qui veulent que ce secteur prospère. (...) Nous travaillons d'arrache-pied.
Nous n'arrêterons pas jusqu'à ce que le secteur se redresse", soutient-il. Face aux habitants de Maroantsetra, Andry Rajoelina a ainsi expliqué pourquoi le prix plancher de 75.000 ariary le kilo pour la vanille verte a été fixé. Ici encore, la protection des intérêts des planteurs est le motif. Se trouvant au tout début de la chaîne du commerce de la vanille, ces derniers sont les plus mal lotis.
Vox populi, vox Dei
Des collecteurs ou opérateurs sans scrupules profitent de la vulnérabilité ou de la naïveté des agriculteurs pour acheter leurs produits à des prix dérisoires. La vanille est, par ailleurs, une des principales sources de devise de l'État. Les fluctuations des prix de l'or noir, une fois traité et vendu sur le marché international, se répercute directement sur la santé de la trésorerie étatique. Les dégringolades des prix ont ainsi des effets dévastateurs sur l'économie nationale. "(...) En 2004, le prix a baissé jusqu'à 24 dollars le kilo.
C'est pour ne plus revivre des chutes du cours de la vanille que nous avons fixé le prix plancher à l'exportation de 250 dollars", souligne-t-il alors. Pareillement, la rigueur implacable appliquée dans l'attribution des agréments pour les opérateurs de la vanille s'explique par le souci d'éviter l'anarchie dans le secteur. Un des critères est, notamment, l'obligation pour les exportateurs de rapatrier les devises qui découlent de leur activité. Andry Rajoelina ajoute, cependant, que malgré toutes ses raisons, l'État se plie à la voix du peuple. Il a, en effet, concédé la libéralisation. Aussi, il a réaffirmé la libéralisation du secteur de la vanille durant ses allocutions devant les habitants de Maroantsetra et Mananara Avaratra. Elle a été actée à l'issue d'une rencontre entre le président de la République et les acteurs du secteur, à Sambava, le 13 avril.
La libéralisation a été martelée durant cet événement que le chef de l'État a qualifié de "démocratie directe". Outre laisser les prix osciller suivant la loi de l'offre et de la demande, l'élargissement des titulaires d'agrément est l'un des matérialisations de cette libéralisation. À Maroantsetra et Mananara Avaratra, c'est Andry Rajoelina, himself, qui a remis leur agrément aux opérateurs nouvellement bénéficiaires. Ces agréments restent valables pour la prochaine campagne. Comme convenu à Sambava, en avril, les exportateurs doivent réinjecter 70% des devises rapatriées sur le marché interbancaire des devises (MID). Ils peuvent ainsi garder les 30% pour leur usage propre.
Une autre condition soulignée de vive voix par le Président est que ces opérateurs doivent acheter les stocks de vanilles des planteurs. "Nous posons le principe de préserver, de défendre les intérêts des planteurs", réitère le chef de l'État. Rappelant le prix plancher fixé à 75.000 ariary, il demande ainsi aux opérateurs de "ne pas abuser des agriculteurs et d'acheter la vanille à un prix correct". S'adressant toujours aux opérateurs, le président de la République ajoute que s'ils n'achètent pas les stocks de vanille, "votre agrément vous sera retiré".
Résister aux pressions extérieures
Le président de la République déplore, par ailleurs, que des acteurs locaux et internationaux rament pour perturber le secteur de la vanille à Madagascar. Ceci, dans l'objectif de faire baisser les prix, surtout après que l'État ait fixé les prix plancher. Pour la vanille traitée et à exporter, il est de 250 dollars. "Le fait est que lorsque les acheteurs étrangers débarquent au pays, il y a toujours des troubles, des gens qui manifestent et brûlent des pneus.
Aussi, ils repartent chez eux. Après, ces mêmes acheteurs font pression en refusant d'acheter notre vanille tant que les prix ne baisseront pas. Ils attendent que le seuil de 250 dollars soit brisé. Nous devons défendre ce secteur. Défendons notre vanille. Nous ne nous laisserons pas faire, surtout par les acheteurs internationaux", déclare ainsi le Chef de l'État.