Yaoundé — "Nous sommes en train de vivre un mode de repli identitaire", a déclaré Mgr Lontsié-Keuné, Évêque de Bafoussa, dans l'ouest du Cameroun, soulignant que le fléau du tribalisme touche également l'Église catholique, au point que "l'on se demande encore de quelle région vient tel ou tel prêtre".
"Mon frère devrait être une créature comme moi, car tout homme est sacré", a-t-il rappelé. Mgr Keuné dans son homélie pour la solennité de la Pentecôte.
"Le Pape François a ouvert la voie. Il dit : "Fratelli Tutti". Et cela commence dans nos églises. Pensez-vous que nous soyons si forts dans nos paroisses ? Dans nos communautés chrétiennes ? Nous sommes pires que des païens", a-t-il fait remarquer.
La voie indiquée par l'évêque est de se mettre humblement au service de tous : "Les choses changeront le jour où, qui que nous soyons, nous essaierons d'être attentifs les uns aux autres. Si nous avons une fonction ministérielle, nous devons savoir que nous sommes au service de tous les Camerounais. Si nous sommes prêtres dans une paroisse, que nos portes soient ouvertes à tous les chrétiens, jeunes et vieux".
Le problème signalé par Mgr Keuné est exacerbé par la propagation sur les médias sociaux de discours de haine à caractère ethnique et tribal, au point que les autorités camerounaises ont décidé de prendre des mesures. "Toute personne coupable d'incitation à la haine, ainsi que tout média qui utilise sa plateforme pour promouvoir la xénophobie, seront sévèrement punis conformément aux lois de la République. Il en va de même pour ceux qui utilisent les médias sociaux pour propager la haine, la violence et le tribalisme", a déclaré il y a dix jours le ministre camerounais de l'administration territoriale, Paul Atangaji.
La crise dans les régions anglophones du pays contribue à la diffusion de discours de repli sur sa propre identité ethnique et tribale, alimentant le climat de suspicion et de peur à l'égard de ceux qui ne font pas partie de sa communauté restreinte.