Le 5 juin 2023, marquait la cinquantième Journée mondiale de l'environnement. Une journée qui a vu la participation, dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, qui accueillait l'événement, de pas moins de 150 pays aux travaux de ce cinquantenaire qui se voulait aussi une journée de réflexion sur la pollution plastique.
Ce, à l'effet de trouver des solutions durables à un phénomène qui menace non seulement l'écosystème aussi bien terrestre que marin, mais qui, au-delà des animaux qui en sont souvent des victimes, constitue aussi un véritable problème de santé humaine, à en croire des spécialistes de la santé selon lesquels le plastique affecte potentiellement la fertilité, l'activité hormonale, métabolique et neurologique.
A cela, on peut ajouter la pollution atmosphérique consécutive à la combustion, à l'air libre, des déchets plastiques, qui est aussi nuisible autant à la nature qu'à l'Homme. C'est dire combien la problématique du déchet plastique est aujourd'hui d'actualité dans le monde, si fait que la rencontre d'Abidjan avait toute sa raison d'être.
Avec la pollution plastique, le monde court à sa perte si des solutions durables ne sont pas trouvées
Pour preuve, cinquante ans après l'instauration de cette Journée mondiale de l'environnement qui se voulait, entre autres, une forme d'interpellation sur les dangers des déchets plastiques, le défi reste entier.
Et il est davantage encore plus grand aujourd'hui parce que le recyclage des déchets plastiques est loin de suivre le rythme de la production plastique qui a explosé de plusieurs centaines de millions de tonnes au cours de ces années. Les chiffres parlent de seulement 10% de plastiques recyclés sur les quatre cent millions de tonnes annuelles produites.
Des chiffres qui interpellent d'autant plus vivement que la durée de vie d'un plastique dans la nature est estimée à plusieurs centaines d'années. C'est dire si avec la pollution plastique, le monde court à sa perte si des solutions durables ne sont pas trouvées. C'est pourquoi il faut saluer l'engagement de tous ces gouvernants qui semblent avoir pris la mesure de la menace en décidant de légiférer sur la question.
Ainsi en est-il, par exemple, du pays hôte de ce cinquantenaire, la Côte d'Ivoire qui, depuis 2014, a interdit l'utilisation du sachet plastique. Il en de même pour le Burkina Faso qui, la même année, a adopté une loi interdisant la production, l'importation, la commercialisation, la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables pour emboîter le pas à d'autres pays africains comme le Rwanda ou encore l'Afrique du Sud.
Des pays qui s'étaient déjà engagés sur la voie de l'interdiction ou de la limitation des sachets plastiques. Mais si le pays de Paul Kagame est régulièrement cité en Afrique, comme un exemple de réussite dans la « guerre contre le plastique », sur le reste du continent, la pratique a manifestement la peau dure dans bien des pays où, au-delà des habitudes, elle semble buter contre de puissants intérêts économiques qui ne disent pas toujours leur nom.
La capitale économique ivoirienne valait bien un détour à l'occasion de la Journée mondiale 2023 de l'environnement
Autrement, comment expliquer toutes ces difficultés d'application de ces lois de même que le constat de la prolifération des déchets plastiques alors que leurs conséquences en termes de problèmes d'insalubrité, d'obstruction des caniveaux et autres voies d'écoulement des eaux pluviales, sont pratiquement de notoriété publique ? C'est dire si au-delà de la sensibilisation pour des changements de comportements voire d'habitudes, la lutte contre les déchets plastiques requiert de nos gouvernants, un engagement continu.
Cela passe aussi par un soutien conséquent à toutes ces start-up qui se sont engagées dans le recyclage des déchets plastiques souvent transformés en des produits d'utilité publique comme les pavés, les tables-bancs, etc. Des entreprises qui ont parfois besoin d'un accompagnement conséquent des pouvoirs publics pour que leurs activités aient un impact beaucoup plus visible.
Et en la matière, ce ne sont pas les initiatives qui manquent sur un continent qui a besoin de s'inventer un avenir. Mais encore faudrait-il que la volonté politique de faire bouger significativement les lignes, y soit véritablement, pour autant que l'élimination des déchets plastiques s'inscrive dans la liste des priorités de nos dirigeants.
En tout état de cause, dans des pays comme les nôtres où de la santé à l'éducation en passant, entre autres, par l'agriculture, les transports et la sécurité, tout est prioritaire, la lutte contre les déchets plastiques pourrait paraître d'un intérêt secondaire.
Pourtant, c'est un combat dont l'importance n'est plus à démontrer. Et c'est tout l'intérêt de cette rencontre d'Abidjan où des acteurs internationaux comme les Pays-Bas qui n'étaient rien moins que le pays invité d'honneur, étaient attendus pour partager leur expérience en termes d'innovations technologiques en matière de gestion durable des déchets et d'économie circulaire. La capitale économique ivoirienne valait donc un détour à l'occasion de la Journée mondiale 2023 de l'environnement.