Dans sa lettre d'information du mois de mai, « Aust & Hachmann », l'un des plus gros traders de vanille au monde, dépeint - de son point de vue - les vicissitudes dans lesquelles le commerce mondial de l'épice est plongé. La compagnie canadienne décrit également les perspectives du marché à court et moyen terme.
Le tableau très sombre ainsi que l'absence totale de considération pour les planteurs dans le rapport, crispent, au plus haut point, le premier syndicat d'exportateurs de vanille de l'île qui a tenu à faire entendre sa version. « Production de vanille de plus en plus abondante », « érosion des prix à venir »... Le rapport du trader Aust & Hachmann décrit un marché malgache en perte de vitesse.
Un constat réfuté, en bloc, par le Groupement des exportateurs de vanille de Madagascar (GEVM), représenté par Georges Geeraerts : « Personne ne dispose de chiffres tangibles pour dire qu'il y a surproduction. Il y a un problème de demande mais ce n'est pas parce qu'il y a trop de vanille. Il y a des stocks mais ces stocks pourraient être absorbés. Tout dépend de l'attitude des acheteurs. »
Cette situation de stocks importants, le trader l'attribue à plusieurs années de fixation d'un prix de la gousse bien au-dessus « du prix réel du marché », écrit-il. Une analyse contestée par des exportateurs qui contre-attaquent et accusent la société canadienne : « La situation que l'on vit maintenant a été en grande partie causée par l'existence d'un marché parallèle et l'auteur de cette newsletter n'est pas étranger à l'existence de ce marché parallèle. Ce qui me permet de dire cela, c'est que Aust & Hachmann ont acheté de la vanille à Madagascar qu'ils ont revendue bien en deçà du prix qui était le prix fixé minimum à l'export. Donc, il y a eu des montages financiers pour pouvoir revendre moins cher que le prix minimum à l'export à Madagascar. Ils ne sont pas les seuls ! Nombreux sont les traders qui ont cédé de la vanille sur le marché européen ou américain à des prix en deçà des minimums fixés par l'État malgache. »
« On ne parle pas une fois des revenus décents du paysan »
Le Président du GEVM, Georges Geeraerts critique également la position du trader : « Ce que je trouve particulièrement choquant, c'est que dans une analyse qui fait 5 pages, on ne parle pas une fois des revenus décents du paysan. Oui, il y a la loi de l'offre et la demande. Mais à partir du moment où l'on veut parler de développement, à partir du moment où l'on veut être éthique, il y a aussi un prix en deçà duquel on ne peut pas aller et ce prix, il découle du revenu décent du paysan. »
Un rapport que les exportateurs du groupement estiment « extrêmement dommageable pour la filière » puisqu'il sous-entend une éventuelle chute de prix, ce qui pourrait bien renforcer l'attitude déjà très attentiste des acheteurs de la gousse noire.