Après avoir visité le Nord et l'Est du pays le mois dernier, Mahamat Idriss Déby Itno a entamé lundi 5 juin une tournée d'une semaine dans les régions du Sud, réputées plutôt favorables à l'opposition et endeuillées ces derniers mois par des violences qui ont fait de nombreuses victimes.
Apaiser les coeurs et les esprits, notamment après la violente répression des manifestations du 20 octobre 2022, c'est l'objectif de ce déplacement. Mais en toile de fond se dessinent également des échéances politiques : le référendum constitutionnel qui devrait se tenir d'ici à la fin de l'année ainsi que l'élection présidentielle prévue pour octobre 2024.
Autre enjeu : les questions sécuritaires. Une série de massacres a endeuillé les régions du Sud au cours de deux derniers mois, faisant des dizaines de victimes. Pour « redonner confiance aux populations », nous dit Mahamat Brah, porte-parole de la présidence, « l'État a déployé les moyens militaires », « il s'agit maintenant d'apaiser et de rassembler », conclut-il.
Mais certaines organisations de jeunesses ou encore l'opposant Yaya Dillo appellent à boycotter la visite perçue comme « insultante » envers les familles des victimes qui n'ont pas achevé leur deuil.
Mahamat Idriss Déby est attendu à Moundou, seconde ville du Tchad réputée favorable à l'opposition et où la répression des manifestations du 20 octobre 2022 a fait de nombreux morts. « Recevra-t-il alors l'accueil escompté ? », s'interroge le politologue Evariste Toldé. En tout cas, « le président est en pré-campagne », assure-t-il, non pas pour le référendum constitutionnel dont le résultat est selon lui « connu d'avance » mais bien pour la présidentielle de 2024. « Faux », répond la présidence, « le chef de l'État est au-dessus de ces questions et n'a pas dit s'il sera candidat ».