Madagascar: Ranavalona Ire championne du Non-alignement

Dans son History of Madagascar, Raombana entre en profondeur sur les raisons données par Ranavalona Ire, afin de refuser la requête du sultan de Zanzibar Mascate, Syed Saïd Ben. Ce dernier lui envoie des messages pour elle et pour « les cinq maréchaux de Madagascar ». Et afin de se concilier leurs bonnes grâces, il leur remet par l'entremise de son premier ambassadeur, Khamisi, de beaux cadeaux, notamment « des perles de corail magnifiques et de grande valeur ainsi qu'un assortiment de vêtements arabes et hindous, résultat d'un splendide travail artisanal ».

Selon l'historien, le sultan de Zanzibar espère en retour que la Cour d'Antananarivo lui accorderait les deux mille soldats qu'il demande pour la répression d'une colonie en révolte (lire précédentes Notes). Et avec plus d'insistance, précise Raombana, « car il savait parfaitement que la reine n'accordait aucune valeur à la vie de ses soldats, qui n'étaient pas payés, car elle pouvait en avoir autant qu'il lui plaisait s'ils venaient à mourir, et cela sans aucun mal ».

Mais avant d'ouvrir les lettres du sultan, Ranavalona Ire les soumet au sikidy, car, toujours d'après Raombana, elle soupçonnait vaguement le sultan et son messager d'avoir jeté des charmes maléfiques dans les lettres qui porteraient préjudice à ses officiers et à elle-même. Et comme le sikidy l'ordonne, elles sont transcrites en quatre exemplaires lesquels- à l'exception du dernier- sont déchirés en morceaux puis jetés au feu. Des pratiques qui permettent surtout à l'entourage de la souveraine « de se donner de l'importance du fait de la crédulité de celle-ci », poursuit l'historien.

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De plus, dès la réception de ses missives, Ranavalona Ire déclare à son entourage qu'elle ne donnerait pas les soldats demandés. Elle est certaine qu'il n'y a aucune colonie en révolte. Pour elle, le but du sultan, sûrement un allié de Ramanetaka, « était, une fois les troupes obtenues, de donner ces dernières à Ramanetaka, lequel à son tour, à force de ruse et de corruption, saurait gagner l'affection des soldats pour les tourner ensuite contre la reine et lui ravir ainsi le trône de Madagascar ».

Par la suite, Ranavalona Ire envoie plusieurs officiers auprès de Khamisi pour l'informer qu'après avoir lu le message de Syed Saïd Ben et les lettres reçues par les Grands de la Cour, elle se déclare contente que le sultan de Mascate ait cherché son amitié et « elle ne voulait altérer en rien la longue amitié qui avait déjà uni les ancêtres de Syed Saïd Ben, aux précédents rois d'Imerina ».

Toutefois, en ce qui concerne les deux mille soldats, elle affirme se trouver dans l'impossibilité de satisfaire sa requête car celle-ci est « contraire aux principes que Radama s'était fixés » et qu'elle-même continue à respecter. Évoquant ces principes, elle rappelle qu'elle n'a pas d'ennemi de quelque nationalité qu'il soit, au-delà des mers, car elle ne souhaite pas entrer dans une guerre contre eux.

Au contraire, elle désire la paix. Mais « si elle envoyait des soldats pour aider le sultan, cela signifierait qu'elle avait des ennemis par-delà les mers, alors qu'elle souhaitait garder toute leur amitié ». Bref, les raison de son refus d'envoyer deux mille soldats à Zanzibar, ne sont pas dictées par « la peur qu'elle aurait des autres nations, mais parce qu'au temps des premiers rois de l'Imerina, et d'Andrianampoinimerina et de Radama, aucun d'entre eux n'avait eu d'ennemis au-delà des mers.

Elle ne voulait pas changer ce qui avait toujours été la ligne de conduite de ses prédécesseurs ». En retournant dans son pays, l'émissaire Khamisi est porteur d'une lettre de la reine destiné sultan de Zanzibar afin de le remercier pour son amitié et ses cadeaux et pour expliquer les raisons de son refus. Elle laisse entendre aussi « qu'elle voulait quelques bons chevaux et d'autres perles de corail ». Les cinq maréchaux lui écrivent également pour le remercier de ses premiers cadeaux et pour en demander d'autres. Plus tard ces dernier comme la reine nient d'être les auteurs de ces lettres, ce qu'ils imputent au messager Khamisi.

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