Après la participation à Africa Ceo Forum qui s'est tenu du 5 au 6 juin à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le directeur régional d'Africa Global Logistics (AGL) pour les deux Congo, Christophe Pujalte, évoque aux Dépêches de Brazzaville les investissements à venir en République du Congo où le groupe italo-suisse, Mediterranean Shipping Company (MSC) a racheté les actifs de Bolloré Transport & Logistics à travers ses filiales Congo Terminal, AGL Congo et Terminal du Bassin du Congo. Entretien.
Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : AGL a repris, en décembre dernier, les actifs de Bolloré Transport & Logistics. Comment les employés l'ont-ils vécu ?
Christophe Pujalte (C.P.) : Cela s'est très bien passé car dès l'annonce de MSC de racheter les actifs de Bolloré Transport & Logistics, à travers sa maison mère BAL, nous avons expliqué qui était le groupe MSC peu connu au Congo et avions tenu nos salariés au courant de l'évolution de la situation par le biais des délégués du personnel. En application de l'article 45 du code du travail, notamment les droits des travailleurs dans le cas d'une reprise d'activités, nos effectifs sont stables et il n'y a eu aucun départ.
L.D.B. : La concession de Congo Terminal remonte à 2009. Pouvez-vous nous parler de son évolution à la date d'aujourd'hui et du programme d'investissements pour la modernisation du terminal à conteneurs ?
C.P. : La concession de Congo Terminal a été effectivement signée en 2009. Elle correspond à une véritable vision des autorités congolaises de faire de Pointe-Noire un hub sous-régional. Aujourd'hui, grâce à la confiance accordée au groupe Bolloré, nous avons investi environ 400 millions d'euros de Capex, traité plus d'un million de conteneurs en 2022, soit cinq fois plus qu'en 2009, et embauché plus de 900 personnes. AGL, via sa filiale Congo Terminal, va poursuivre la modernisation des équipements existants mais souhaite aussi participer à l'extension du terminal.
L.D.B.: Votre entreprise est souvent présentée comme une société très performante. Rencontrez-vous quelques difficultés depuis votre rachat ?
C.P.: Je vous remercie de reconnaître la qualité du travail des équipes d'AGL. Nous sommes un spécialiste de l'Afrique et nous voulons y offrir le meilleur service à nos clients mais aussi en interAfrique. Depuis l'arrivée de notre nouvel actionnaire, celui-ci a particulièrement insisté sur le fait qu'il souhaitait que les deux parties s'attachent à créer de la valeur et non à faire des synergies. En termes clairs, à développer notre business plutôt que de réduire nos charges par une augmentation de nos marges. Cela nous engage donc à être plus performants et nous rend optimistes pour la suite.
L.D.B. : Quels sont les investissements envisagés dans le futur concernant les secteurs clés de la logistique ?
C.P. : Comme je l'ai évoqué précédemment, nous souhaitons continuellement apporter des solutions à nos clients sur l'Afrique. Dans cette optique, nous souhaitons leur assurer des liaisons du monde vers le continent. Tout ce qui va concourir à cet objectif sera source d'investissement.
Pour le Congo, en particulier, nous souhaitons développer encore plus notre rôle dans la logistique pétrolière et devenir un partenaire incontournable des majors, tant sur les normes RSE, HSE que sur notre appui en matériel de transport et levage respectueux de l'environnement.
L.D.B. : Qu'est-ce qui justifie davantage d'investissement d'AGL dans ses filiales congolaises et pour quelle valeur ajoutée dans le pays ?
C.P. : Au Congo, nous avons trois sociétés pour un effectif global supérieur à 1 500 personnes en contrat de travail à durée indéterminée. Plus de 99% de nos effectifs sont congolais. Nombre d'entre eux sont des cadres et occupent des postes clés, notamment directeur général adjoint de filiale, responsable transit, livraison, logistique, contrôleur de gestion pays, et j'en passe. Plusieurs d'entre eux sont des femmes, ce qui tient compte de la parité qui se situe au coeur de notre politique Ressources humaines. Nous investissons donc dans tous les domaines, à savoir la formation à la conduite d'engins, grues, élévateurs, la formation HSE, ISPE et RSE, mais aussi le management.
Sans ces formations, inutile d'investir dans l'infrastructure et le matériel. Pour ce qui est des investissements par société, je l'ai déjà évoqué plus haut, le Groupe AGL est en discussion avec les autorités congolaises pour impulser une nouvelle dynamique concernant le Terminal du Bassin du Congo qui est installé au port de Brazzaville,
L.D.B. : En conclusion, quelles sont les perspectives et les ambitions d'AGL en Afrique ?
C.P. : En toute humilité, nous souhaitons être le spécialiste de l'Afrique au service de nos clients, vers l'Afrique et au travers de l'Afrique au regard de notre passion pour ce continent qui représente plus de 99% de nos effectifs.
Depuis que nous sommes en Afrique, cela n'a pas été un long fleuve tranquille mais notre abnégation, nos effectifs et la qualité de notre nouvel actionnaire vont nous permettre d'alimenter cette passion. Il nous faut de l'agilité car, comme le reste du monde, l'Afrique évolue vite. C'est pourquoi, il nous faut être agiles, flexibles, réactifs afin de proposer des solutions plus innovantes à nos clients de manière solidaire pour rendre une partie de ce que ce continent plein d'avenir nous donne.