Djugu, en Ituri, est l'un des territoires de l'est de la RDC ravagé par des décennies de conflit sur base communautaire. RFI consacre plusieurs reportages sur la situation sur place. Faute d'accès et de difficultés sécuritaires, rares sont les ONG qui peuvent accéder côté Lendu. Côté Héma, les camps de déplacés ne désemplissent pas. C'est le cas de celui de Rhoe.
C'est jour de distribution par le Programme alimentaire mondial dans le camp. Une personne par famille attend pour recevoir ses provisions dans des files interminables. Charité patiente depuis plusieurs heures. « Je viens pour prendre des haricots, de l'huile... »
Loin de l'agitation, quelques jeunes filles s'entrainent pour la chorale de dimanche. Mais dans les allées bordées de masures en bâches en plastique, c'est la cohue.
Les distributions sont rares dans ce camp où, fin avril, plus de 60 000 personnes s'entassaient au pied d'une base des casques bleus de l'ONU. Toutes et tous se plaignent de la faim, explique Samuel Kpadjanga, le président du site.
« Ici, il n'y a pas eu de distribution alimentaire depuis le 13 juin 2022 jusqu'à aujourd'hui. Nous sommes arrivés ici et nous sommes des déplacés dans le camp de Rhoe suite aux différentes attaques faites par le groupe armé Codeco. Nous sommes là depuis le 11 juin 2019, depuis le jour de la création du site de Rhoe. »
Une population qui se sent abandonnée
Plusieurs ONG interviennent dans ce camp. Malgré tout, les fonds restent insuffisants par rapport aux besoins et l'accès à la zone complexe.
En effet, ce territoire de Djugu est ravagé par un conflit sur base communautaire où Hema et Lendu sont face à face. Des milices dites d'autodéfense se livrent un combat sans fin de contrôle de territoire, notamment miniers, et perpètrent également de nombreuses exactions sur les civils. L'état de siège est pourtant en place depuis deux ans.
Dieudonné Lossa est le coordinateur provincial de la société civile de l'Ituri. Pour lui, ce système sécuritaire exceptionnel où l'armée gouverne est inefficace pour rétablir la sécurité. « La population civile semble être abandonnée. On croyait à l'état de siège, qui serait en mesure de mener des actions contre les groupes armés. On ne l'a pas vu. Tous les moyens ont été mis à la disposition de l'état de siège, selon les dires des autorités de ce pays. Mais sur le terrain, on n'a jamais vu des opérations engagées contre les groupes armés. Il y a même des groupes armés qui se sont créés pendant l'état de siège ! Les militaires en Ituri, on les a ramenés au Nord-Kivu. Donc ça veut dire qu'en Ituri en fait, il n'y a pas de problème pour l'État congolais et tout ce qui se passe ici, c'est normal. »