« Réussir malgré les crises- de 300 à 3000 : comment accélérer l'émergence de la prochaine génération de champions africains ». C'est le thème de la neuvième édition de l'Africa Ceo Forum qui s'est ouverte hier à Abidjan. Les autorités publiques et privées ont plaidé pour l'émergence de champions africains dans un contexte où la souveraineté alimentaire est la politique phare des Gouvernements.
ABIDJAN- La neuvième édition de l'Africa Ceo Forum s'est ouverte hier à Abidjan. C'est une initiative du Groupe Jeune Afrique en Partenariat avec la Société financière internationale (Sfi). Le thème choisi cette année est : « Réussir malgré les crises- de 300 à 3000 : comment accélérer l'émergence de la prochaine génération de champions africains ». Ces chiffres sous-entendent que près de 350 entreprises africaines pèsent plus d'un milliard de dollars, avec une ambition d'atteindre les 3000 milliards de dollars. Dans ce contexte, où le monde a subi des bouleversements, avec notamment le conflit russo-ukrainien, la rivalité sino-américaine, des manifestations plus importantes du dérèglement climatique, le président du Groupe Jeune Afrique, Amir Ben Yahmed, a estimé que le curseur doit être mis sur le développement de tissus de Pme et Pmi.
« Il faut davantage d'investissements sur notre marché commun, sur nos chaînes de valeurs locales. Il faut un large tissu économique de Pme, avec une attention particulière sur les entreprises de plus d'un milliard de dollars de chiffres d'affaires. Ce sont les marqueurs des grandes économies », a-t-il plaidé. À en croire Amir Ben Yahmed, si la France, le Japon et le Brésil sont des puissances économiques, c'est parce qu'ils peuvent s'appuyer sur leurs entreprises leaders dans des secteurs stratégiques et qui se déploient à l'échelle nationale et internationale. La cérémonie a été présidée par Alassane Ouattara, Président de la République de la Côte d'Ivoire. Son discours a été prononcé par le Premier ministre Patrick Achi. D'après lui, le monde entier s'accorde à reconnaître que l'Afrique est le continent où le potentiel de développement dans tous les secteurs économiques est plus important. À ses yeux, le continent se doit d'aider les futurs champions à s'intégrer dans les chaînes de valeur mondiales, par des mécanismes novateurs, en facilitant leur accès au savoir, aux financements et aux marchés.
« Au-delà des crises et mutations, nous faisons face à un autre défi de taille : l'extrême jeunesse de notre population. Cela peut être notre plus gros actif si nous y investissons, mais aussi notre plus gros passif dans un monde où les opportunités et les menaces de tout genre existent. En effet, selon les tendances actuelles, la population africaine doublera, pour atteindre 2,8 milliards en 2050, avec plus de deux tiers ayant moins de 35 ans. Nous n'avons guère le choix que de tout mettre en oeuvre pour répondre à leurs besoins croissants en éducation, santé, logements, infrastructures et surtout emplois, si nous tenons à les rendre les plus productifs possibles, tout en évitant la fuite des cerveaux », a prôné Patrick Achi.
La Sfi va augmenter de 50 % son portefeuille Afrique
Le Directeur général de la Société financière internationale (Sfi), Makhtar Diop, a pris part à la cérémonie d'ouverture de la neuvième édition de l'Africa Ceo Forum. Pour l'ancien Ministre sénégalais, les défis se sont multipliés. Dans ce contexte volatile et incertain, il faut un engagement massif des partenaires au développement. « À la Sfi, nous sommes convaincus que le secteur privé a un rôle prépondérant à jouer pour apporter des solutions durables à ces défis. C'est pourquoi nous avons augmenté nos engagements à hauteur de 36,5 milliards de dollars, un record. Près de la moitié des investissements de nos fonds propres, soit 46 %, sont liés aux changements climatiques. Aussi, 11 milliards de ces ressources sont orientés vers le continent africain », a-t-il souligné. D'ailleurs, la Sfi va intensifier ses actions sur les changements climatiques et le commerce intra-africain et augmenter de 50 % la taille de son portefeuille en Afrique pour l'accompagner. Par ailleurs,
Makhtar Diop a relevé que l'Afrique est, à ce jour, le seul continent qui n'a pas connu sa révolution verte. Pour y remédier, il a appelé à encourager la création de nouvelles chaînes de valeur agricoles, à plus d'investissements pour la production et la transformation et la commercialisation des produits agricoles. « Ce n'est pas un rêve, nous pouvons le faire. Notre continent dispose de ressources solaires et hydrauliques parmi les plus importantes du monde. Il est primordial de nouer des partenariats pour relever ces défis », a déclaré M. Diop. Pour lui, c'est dans ce sens que la Sfi a signé récemment une convention d'un montant de 100 milliards de dollars avec l'Office chérifien du phosphate pour favoriser davantage la production d'engrais et permettre l'augmentation des rendements.
Développement de nouvelles villes
Abdoulaye Baldé offre Diamniadio en exemple
Présent à Abidjan, dans le cadre de l'Africa Ceo Forum, le Directeur général de l'Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), Abdoulaye Baldé, a axé son exposé sur la ville de Diamniadio. Il a offert en exemple la construction d'infrastructures sportives, évènementielles, portuaires et d'habitation qui en fait une « ville de mixité ».
Participant à un panel sur la démographie en Afrique, le Directeur général de l'Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), Abdoulaye Baldé, a mis en exergue Diamniadio, « une ville bâtie sur 1644 hectares pour désengorger Dakar qui était saturée ». Selon lui, il fallait créer une ville avec des infrastructures nouvelles et des édifices publics dont des Départements ministériels. D'après lui, l'État du Sénégal est parvenu, avec Diamniadio, à construire « une ville de mixité ». « Aujourd'hui, avec Diamniadio, nous avons des Départements ministériels, un stade moderne de football, le Dakar Arena pour le basket, l'Université Amadou Makhtar Mbow, une plateforme industrielle... », a cité M. Baldé. Le développement de la ville, a-t-il ajouté, est accompagné par une mutation dans le secteur des transports avec la mise en service du Train express régional (Ter) dont l'une des gares s'y trouve.
« Nous avons aussi un Centre de conférences et des habitations à Diamniadio. Nous avons voulu corriger l'ensemble des imperfections, avoir une bulle durable qui répond à la modernité avec un plan d'urbanisme qui tient compte des changements climatiques. Dans cette ville, des infrastructures se développent », a expliqué Abdoulaye Baldé. Avec la réalisation du port de Ndayane, de la Zone économique, Diamniadio deviendra une ville sportive, portuaire, industrielle, etc. À l'échelle africaine, le Dg de l'Apix est d'avis qu'il faut lancer la réflexion pour construire de nouvelles villes compte tenu de l'évolution démographique. « La population urbaine va être majoritaire à l'horizon 2050. La plupart des personnes vont naître et vivre dans les villes. Il faut une réflexion et voir comment construire des villes nouvelles avec des infrastructures, des plateformes industrielles et des aires recréées. Sans oublier une politique de restructuration des anciens quartiers », a-t-il souligné.