Thiès — Touba recyclage plastique, une unité basée dans la zone industrielle de Thiès, a recyclé 600 tonnes de matière plastique en 2022, a indiqué à l'APS, son responsable administratif et financier, Mamadou Bâ.
L'unité , créée en 2018, avait atteint 451 tonnes en 2021 et 600 tonnes en 2022, a précisé M. Bâ.
Elle s'approvisionne auprès d'une dizaine de fournisseurs basés à Thiès et dans d'autres villes du pays, notamment Dakar, Mbour, Touba, Saint-Louis et Kaolack. Ils achètent le plastique recyclé auprès de collecteurs au niveau des décharges publiques.
Touba recyclage plastique doit sa performance en 2022 à une "amélioration de son système de travail", mais aussi à un certain engouement constaté pour le recyclage, avec "beaucoup de personnes qui s'y investissent maintenant", a-t-il expliqué.
L'appui d'un projet de la GIZ a aussi été pour quelque chose dans l'augmentation de sa production. D'août 2020 à janvier 2021, l'unité avait bénéficié grâce à ce partenariat, d'un financement pour élargir son champ d'action et augmenter sa capacité de production.
"J'ai été recruté suite à ce projet", a dit M. Bâ, relevant que l'entreprise était passée de sept à 28 employés après le projet, avant de stabiliser son effectif à 20. Elle est passée aussi de deux à trois machines.
L'unité collecte jusqu'à 12 tonnes de plastique par semaine. Une quantité qui peut chuter jusqu'à 4 tonnes en cas de perturbation, empêchant les moyens de transport d'acheminer la marchandise, comme c'est le cas durant les récentes manifestations.
Elle achète quatre types de matière plastique recyclée qu'elle broie pour les ensacher et les revendre à des usines basées surtout à Dakar, mais aussi au Mali et en Gambie, qui vont les transformer à nouveau.
Sa matière première est composée du PP copo, constitué des bassines, et autres ustensiles, du HDPE, constitué essentiellement des bidons d'huile de 20 litres, aussi bien neutres c-à-d transparent, qu'en couleur. Le PVC, à savoir les tuyaux et consorts et le PP Homo, notamment les chaises en plastique font aussi partie de la matière qu'elle broie pour la revendre dans des sacs. Une partie broyée et ensachée, l'autre partie est lavée après broyage et séchée.
Le PP Copo est acheté à 150 à 200F le kilo auprès des fournisseurs, le PVC : 100 à 150 F le kilo, le PP Homo, à 100 à 200 F le kilo et le HDPE, 100 à 125 F le kilo.
La vingtaine d'employés scindés en deux équipes qui se relaient matin et soir, s'occupent du débarquement, du triage et du broyage, jusqu'au séchage et à l'ensachage. L'un d'entre eux vient du Saloum et l'autre, de la Gambie.
L'entreprise produit 1 tonne à 1,5 tonne de brisures de plastique par jour et, pour ce qui est du PP Copo et du HDPE, et concernant le PVC et le PP Homo, la production journalière est de 3 à 4 tonnes.
Le produit intermédiaire est revendu à une douzaine de clients, dont la majeure partie se trouve à Dakar, même si l'unité a aussi des clients qui viennent de la Gambie et du Mali depuis 2021. Il estime que l'activité est lucrative et attire du monde. Il identifie quatre concurrents, dont trois sont installés dans la région de Thiès et le quatrième à Kaolack.
Avec un chiffre d'affaires annuel de 150 millions de FCFA, l'entreprise envisage de "doubler ou tripler" l'effectif de ses employés, de faire de la RSE dans la ville de Thiès et au-delà, selon son responsable administratif et financier.
Pour lui, le "premier besoin" de l'entreprise en ce moment, est de disposer d'un terrain pouvant accueillir tous ses investissements. Par exemple, elle veut se doter d'un hangar, pour améliorer les conditions de travail de ses travailleurs.
"Il y a un potentiel, il y a de l'avenir", relève-t-il, renseignant qu'ils ont été approchés par une entreprise espagnole pour leur fournir du plastique PET, cette matière avec laquelle sont fabriquées les bouteilles d'eau. Cependant, elle ne dispose pas de machine pour broyer ce type de plastique.
L'unité est en partenariat avec l'américain VERA, lui-même en partenariat avec ACC (Africa Carbon and Commodities) depuis 2021, pour une durée de cinq ans.
Il évoque parmi les contraintes de l'usine, la faible puissance du courant, avec l'impossibilité parfois d'allumer deux machines à la fois, mais aussi l'absence de système d'assainissement avec de canaux d'évacuation dans la zone industrielle.
Face à l'absence d'eau courante dans, l'unité a foré un puits où elle s'approvisionne en eau grâce à la pression électrique.
Le sort de certains résidus issus du broyage reste aussi un casse-tête. L'Institut des sciences de la terre (IST) qui les rachetaient pour en faire des pavés, ne vient plus. Les sacs sont stockés sur place, en attendant un client.
Interpellé sur l'existence d'une conscience environnementale qui sous-tendrait cette activité, au-delà de la recherche de profit, il répond : "c'est vrai que nous pensons à l'argent, puisque c'est cela qui nous permet de fonctionner, mais nous pensons aussi l'impact de notre action sur l'environnement".