Ces dépouilles des victimes d'accidents de circulation et toutes autres personnes non identifiées seront inhumées sous peu par les services municipaux.
Il est un peu plus de 7h du matin lundi 29 mai 2023. Nous sommes devant la morgue dans l'enceinte de l'hôpital de district de Kribi (HDK ). Les procédures sont en cours pour y introduire le corps sans vie d'un jeune homme, la trentaine dépassée, qui a rendu l'âme à l'aube, des suites de maladie dans une clinique de la place.
Des membres de sa famille, éplorés, attendent, certains assis à même le sol, d'autres débout, insouciants de ce temps maussade qu'il fait, en jetant un regard mélancolique sur la dépouille enveloppée d'un drap blanc et couchée sur un brancard. Quelques instants...
Arrive le préposé à la morgue qui ouvre la porte et d'un air grave, instruit de faire entrer le corps. A l'intérieur, du côté de la chambre froide, des corps, les uns sur les autres, dans les caissons ; d'autres encore, faute d'espace, sont étalés au sol. Le cliché est lugubre bien que la pièce soit remarquablement salubre. C'est que, la morgue de l'hôpital de district de Kribi suffoque.
Cet espace de conservation de corps sans vie, d'une capacité de contenance maximale de 20 places est en fort surcharge malgré les efforts fournis par la direction de l'hôpital pour une extension à 50 places. Plus d'une quinzaine de dépouilles des victimes d'accidents de circulation et tous autres individus, introduits dans la chambre froide depuis environ un an n'ont fait l'objet d'aucune déclaration par une famille ou une tierce personne.
Ce qui constitue une équation difficile pour faire place à tous les autres cadavres apportés au quotidien. Cette surpopulation mortuaire selon la hiérarchie de la formation hospitalière fait en sorte que la chambre froide ne puisse pas atteindre sa capacité optimale de conservation. Par moment, comme en cette période, il y a forte affluence.
Au sein de l'administration de l'hôpital, il nous est appris que la situation fait l'objet de préoccupation sérieuse car «Cela nous cause également de pertes énormes en terme d'argent. Quand vous savez le cout journalier de conservation d'un corps à la morgue » se plaint un responsable. Pour résoudre le problème, des procédures de désengorgement ont été engagées. Les administrations compétentes, notamment procureur de la république, le préfet le maire de la ville ont été saisies afin que tous les corps ayant largement dépassé les délais de conservation sans faire l'objet de déclaration ou de recherche soient enlevés.
Notons que HDK compte actuellement deux morgues. La première, vieille de l'époque coloniale subit de temps en temps les affres des intempéries et des coupures intempestives d'énergie électrique qui contribuent à l'enfoncer dans le gouffre du minimal. La deuxième, actuellement rénovée par le responsable de la formation hospitalière et jouissant de toute sa capacité optimale fait l'objet de toutes les sollicitations par les usagers.
C'est d'ailleurs désormais ici que l'on procède à toutes les mises en bière. Toutefois, sa capacité de contenance est très faible. Il serait alors important que l'Etat se penche sur la question en pensant, pourquoi pas, à un projet d'une nouvelle morgue à Kribi au regard du boom démographique qui s'observe dans le chef-lieu du département de l'Océan.