Expert en journalisme économique et Coordonateur national de l'ONGD "Toile d'Araignée", Jérôme Sekana est monté au créneau hier, mardi 6 juin 2023, au cours d'un point de presse, pour dénoncer haut et fort, certaines antivaleurs qu'il a eues à remarquer dans les institutions publiques en République démocratique du Congo. Il a, au nom de l'ONGD "Toile d'araignée", qui milite pour la promotion des règles de la bonne gouvernance, axé son intervention sur quatre points notamment, l'incompatibilité constatée au niveau des organes de contrôle des finances (IGF, CPCC, Cour des comptes...) ; le dossier du Conseil d'Administration de la Société de développement industriel et minier du Congo (SODIMICO), le cas de la crise au niveau des régies financières et le ministère des finances et, enfin, la publication du Baromètre national du climat des affaires.
S'agissant de l'incompatibilité des services des commissaires aux comptes, Jérôme Sekana dénonce une mauvaise foi de ces derniers qui sont à la fois, inspecteurs des finances, travaillent à la Cour des comptes, au CPCC et continuent à toucher des salaires comme commissaires aux comptes dans des entreprises publiques. Dommage, ils refusent de libérer des postes parce que, selon Jérôme Sekana, ils s'arrangent avec l'entourage du Premier Ministre pour ne pas signer un Décret nommant d'autres personnes pour promouvoir des jeunes.
Et, c'est depuis 2006 qu'ils sont nommés. Or, leur mandat était de 5 ans non renouvelables. C'est dire que tous les commissaires aux comptes sont hors-mandat et doivent, d'office, démissionner de leurs postes. Car, ils ne doivent pas être juges et parties. C'est dire qu'ils sont commissaires aux comptes et travailleurs dans les entreprises publiques.
En vue de promouvoir des réformes dans la gestion des finances publiques, Jérôme Sekana et son ONGD "Toile d'Araignée", donne un ultimatum d'une semaine à tous les commissaires aux comptes afin de démissionner. Sinon, leurs noms seront publiés au vu et au su de tout le monde.
"Au nom du respect des règles de bonne gouvernance et promotion des jeunes congolais qui ont aussi droit à la vie, nous devons hausser le ton et demander au gouvernement de respecter cet ultimatum", a insisté Jérôme Sekana.
Que se passe-t-il à la SODIMICO ?
Une recréation s'observe à la Société de développement industriel et minier du Congo (SODIMICO). Etant hors mandat, les dirigeants de cette société minière ne veulent pas démissionner. D'ailleurs, un conseil d'administration est organisé aujourd'hui à Lubumbashi pour mettre fin à cette cacophonie.
Dans un rapport synthèse de l'Inspection générale des finances sur la gestion des actifs miniers de la RDC par la SODIMICO SA, un désordre s'observe dans la gestion de cette société. D'où, l'IGF avait formulé une recommandation d'évaluer sur les remblais du patrimoine de cette société. Curieusement, selon Jérôme Sekana, les cadres qui dirigent la SODIMICO font fi de la recommandation de l'IGF. Conséquence, ils se permettent de vendre les remblais.
"Au moment où je vous parle, un tonnage de remblais se trouve déjà en Zambie. Ils sont signé le contrat de collaboration qui sont illégaux pour que ceux qui ont pris ces remblais achètent à 0,5 dollars la tonne, alors que logiquement c'est entre 50 dollars la tonne. Déjà, une bonne partie se trouve en Zambie ", dénonce Jérôme Sekana qui en appelle à l'audit de la SODIMICO tel que recommandé par l'IGF.
Pour "Toile d'Araignée", il faut accorder à l'IGF le pouvoir coercitif au même titre que la DGI, la DGRAD pour que lorsqu'elle instruit un dossier, qu'il soit directeur à la Cour des comptes qui est l'autorité de contrôle. Pour lutter contre toutes les fraudes, l'ONGD Toile d'Araignée s'engage à publier tous les rapports de l'IGF.
Malaise entre les régies financières et le Ministère des Finances
Nul n'ignore la guéguerre qui règne sur la suppression de la plus-value dans les régies financières congolaises. Jérôme Sekana, acteur de la bonne gouvernance et expert en journalisme économique, n'est pas resté en marge de cette chronique financière. Il s'est exprimé pour demander à l'intersyndicale et le Gouvernement via le Ministère des Finances de fumer le calumet de la paix pour ne pas préjudicier le peuple congolais.
Parce que, indique-t-il, si l'Intersyndicale déclenche des grèves, c'est le trésor public qui va subir des conséquences. Et, qu'il faille trouver un compromis afin que l'Etat congolais puisse maximiser ses recettes comme c'est le cas actuellement.
"En tant que Toile d'Araignée, spécialiste des questions des finances publiques, de la fiscalité, nous appelons la gouvernance à la prudence. Que le Premier Ministre intervienne pour que tout le monde puisse fumer le calumet de la paix. Que les responsables des régies soient payés, motivés afin que l'Etat puisse avoir suffisamment des recettes pour que nous organisions des élections en décembre 2023 en toute dignité", a souligné Jérôme Sekana.
Affaire exonération dérogatoire des Cimentiers et Constructeurs
Encore un dossier qui fâche. L'ONG Toile d'Araignée a appris, avec consternation, la signature d'un Décret portant exonération de la TVA en faveur des Cimentiers et Constructeurs en RDC. Pour ce faire, Jérôme Sekana dénonce une corruption et une discrimination. Pour lui, l'Etat congolais perd beaucoup avec ces exonérations qui se multiplient au jour le jour en faveur des expatriés qui ne sont pas pauvres.
"Ces cimentiers et Constructeurs ne sont pas dans la catégorie de l'exonération. Car, ils ne sont pas pauvres pour bénéficier de cela. Mais, pourquoi seulement eux ? Et pourquoi pas les journalistes et tant d'autres catégories sociales ? S'interroge Jérôme Sekana qui souligne, par ailleurs, qu'il s'agit-là d'une "tricherie". D'où, il en appelle à l'abrogation de ce Décret pour ne pas appauvrir l'Etat congolais.