Tunisie: Stress hydrique | Trois questions à ... Mohamed Salah Glaied, Ingénieur et spécialiste en eau - «La situation est toujours difficile»

Les récentes précipitations enregistrées au cours des dernières semaines du mois de mai et début juin ont contribué à améliorer la situation hydrique et à garantir le bon déroulement de la prochaine saison agricole. Mohamed Salah Glaied, ingénieur et spécialiste en eau, fait un point sur la situation.

Comment se présente actuellement la situation hydrique après les dernières précipitations ?

Les dernières précipitations ont concerné tout le territoire tunisien et l'est algérien, avec parfois des quantités abondantes dépassant 50 mm, mais vu qu'on a vécu des moments difficiles de sécheresse aiguë, ces quantités restent, à ce jour, insuffisantes et même dérisoires devant les volumes souhaités à stocker dans les retenues des barrages.

En effet, jusqu'au 4 juin 2023, la situation globale des barrages et des eaux de surface en général est de l'ordre de 765 millions de m3 avec un taux de remplissage équivalent à 33%.Situation que je juge stagnante et difficile au début d'une saison estivale où on assistera à des pointes de consommation d'eau importantes.

Les pluies qui tombent en ce moment peuvent-elles combler le déficit accumulé depuis l'an dernier et sauver l'été ?

Les pluies qui tombent actuellement ou dernièrement sont sans doute bénéfiques pour l'agriculture pluviale et l'amélioration du déficit, dont nous avons souffert, mais l'essentiel, c'est qu'on a sauvegardé notre patrimoine d'arbres fruitiers, surtout l'olivier et l'amandier qui ont beaucoup souffert. Cet été sera difficile pour la desserte en eau potable (dans les milieux urbain et rural) et je suppose qu'on va poursuivre la stratégie de précaution et de quota, surtout pour éviter le gaspillage et les mauvaises utilisations de l'eau.

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Les pluies de ces mois de mai et juin sont-elles bénéfiques pour l'alimentation en eau potable, le rechargement des nappes phréatiques ainsi que les barrages?

Ces pluies des mois de mai et juin sont bénéfiques pour l'alimentation et la recharge des différents aquifères qui ont subi pendant ces cinq dernières années un rabattement très important des niveaux, vu le pompage excessif auquel ils ont été soumis.

On sait très bien, et cela est indiqué dans le rapport national de l'eau de 2021, qu'on est passé de 107% de taux de stress hydrique en 2020 à 132% en 2021, et ces pluies auront des répercussions positives sur ce taux.

Qu'en est-il pour l'agriculture ? Ces précipitations ne compromettent-elles pas les moissons en cette période de l'année ?

Bien que la situation des grandes cultures et surtout des céréales durant cette saison 2022-2023 s'avère très critique et d'après les prévisions, ces précipitations auront un effet important.

Nous devons ainsi prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder cette petite récolte et préserver également les semences de l'année agricole 2023-2024.

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